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Kamel Labidi : «Al-Karama propose un projet de loi scélérat»

L’amendement du décret-loi 116 du 2 novembre 2011 proposé par la coalition islamo-populiste Al-Karama ne cesse de faire couler beaucoup d’encre. Kamel Labidi, journaliste indépendant, militant des droits humains et cheville ouvrière du décret-loi 116 relatif à la régulation audiovisuelle en 2011, est revenu dans une interview publiée ce dimanche 18 octobre 2020 dans les colonnes de ‘‘La Presse’’ sur dangerosité de ce projet d’amendement. Extraits…

La dangerosité de ce projet d’amendement:

«Ce projet de loi constitue une véritable menace pour la liberté des médias audiovisuels et une atteinte flagrante au droit des citoyennes et des citoyens à un paysage médiatique respectueux des règles de transparence, de concurrence loyale et de déontologie de l’information, en vigueur dans les pays démocratiques. Il ouvre la porte à plus de chaos, de corruption et d’hégémonie de groupes de pression financiers, politiques et mafieux, dans un paysage audiovisuel ‘‘toujours en déséquilibre’’, comme vous le décrivez si bien.»

Mainmise de l’alliance islamo-affairiste sur ce qui restera de la Haica après l’avoir vidée de ses compétences en dérégulant le secteur:

«Le nouveau projet de loi prévoit aussi l’élection des futurs membres de la Haica par le Parlement, à la majorité absolue, qui requiert au minimum la moitié des voix plus une, et non pas à la majorité qualifiée, dont la base est beaucoup plus large. Ce qui pourrait transformer la Haica en simple outil entre les mains des dirigeants du mouvement Ennahdha, Qalb Tounès et la Coalition Al-Karama, dont l’allégeance à l’islamisme radical est un secret de Polichinelle.»

Karoui et Ghannouchi sont les instigateurs de ce projet d’amendement du décret-loi 116:

«Je suis plutôt enclin à croire que cette formation politique a été chargée derrière les coulisses, par Rached Ghannouchi, chef du mouvement Ennahdha et président du Parlement, et Nabil Karoui, président de Qalb Tounès, de soumettre à la présidence du Parlement, en mai dernier, ce projet de loi scélérat. En outre, il renvoie aux calendes grecques la création de l’Instance de régulation de l’audiovisuel, prévue par l’article 127 de la Constitution et destinée à remplacer la Haute autorité indépendante de communication audiovisuelle (Haica). Car ces deux hommes politiques, qui vouent une haine farouche au décret-loi n° 116, ont tout fait depuis 2011 pour empêcher son application. Et ils n’arrêtent pas, depuis la création de la Haica en 2013, de lui mettre les bâtons dans les roues et de prendre part à des campagnes de dénigrement contre cette instance de régulation, dont le bilan reste à évaluer, notamment par des experts dignes de ce nom.»

Le tandem Karoui-Ghannouchi tient sa vengeance sur le décret-loi 116 de 2011 qu’ils n’ont jamais accepté:

«M. Ghannouchi ou M. Karoui, qui n’ont jamais brillé, dans le passé, par leur attachement à la démocratie, à la transparence ou au respect du pluralisme d’opinions. Le premier a eu le toupet d’ordonner à ses partisans de lancer des chaînes de radio et de télévision, dont Zitouna TV, alors que le gouvernement dirigé par son parti, à partir de décembre 2011, entravait l’application du décret-loi 116. Le second, M. Karoui, patron de la chaîne Nessma TV, est connu pour son opportunisme, sa capacité de désinformation et l’obstination à devenir le Berlusconi de la Tunisie.»

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