Alors que la société italienne exportatrice des déchets ménagers vers la Tunisie, SRA Campania, a exigé d’être remboursée pour récupérer les conteneurs bloqués au Port de Sousse et que les autorités italiennes font preuve de mutisme, jusque-là, le réseau «Tunisie verte», qui regroupe plus de 100 ONG actives, a menacé, lundi, 23 novembre 2020, de porter plainte devant la Cour internationale de justice et la Cour européenne des droits de l’homme.
Par Cherif Ben Younès
«L’Etat italien a violé la souveraineté du territoire national, étant donné que cette activité nuit à l’environnement et à la santé humaine», ont déploré les représentants du réseau, dans une conférence de presse tenue au siège du Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT) et relayée par l’agence Tunis Afrique presse (Tap).
Il s’agit également, rappelons-le, d’un acte illégal, compte tenu du fait que les conventions de Bâle et de Bamako interdisent l’exportation de ce genre de déchets des pays européens vers leurs homologues africains. Et les représentants du réseau craignent que cette affaire soit traitée et classée comme étant une simple infraction douanière.
De son côté, Afef Marrakchi, membre de «Tunisie verte», a appelé le président de la république, Kaïs Saïed, à convoquer le Conseil national de sécurité pour qu’il se penche sur ce dossier, estimant que l’affaire «touche à la sécurité nationale du pays».
Le réseau composé d’experts et associations environnementales a, par ailleurs, exprimé son étonnement face au laisser aller de la part de la présidence de la république et celle du gouvernement (qui s’est contentée de limoger le directeur général de l’Agence nationale de gestion des déchets) appelant à identifier (tous) les responsables dans cette affaire.
Pour rappel, le DG limogé, Fayçal Bedhiafi, avait indiqué, lors d’une sortie médiatique tenue après la décision du chef du gouvernement, Hichem Mechichi, qu’il avait prévenu le ministre de l’Environnement, Mustapha Aroui, de l’importation des déchets en question, depuis le 16 septembre dernier, soit un mois et demi avant le reportage d’El-Hiwar Ettounsi qui a révélé cette affaire à l’opinion publique… et qu’il n’y a eu aucune réaction de sa part.
D’autre part, Sami Tahri, secrétaire général adjoint de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), a assuré, vendredi passé, 20 novembre, que le mandat de recherche contre l’importateur tunisien (le propriétaire de la société Soreplast) n’a été émis que la semaine dernière, laissant entendre que la justice tunisienne pourrait être elle aussi impliquée dans cette affaire, puisque cela a laissé le temps au suspect de fuir le pays.
Rappelons également que le porte-parole de la Douane tunisienne, Haythem Zannad, avait déclaré que la douane, qui a bloqué les conteneurs de déchets au Port de Sousse, lorsqu’elle a réalisé que l’importation était illégale, avait subi «des pressions», sans doute de parties politiques, dans le cadre de ce dossier.
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