Le gouvernorat de Tozeur a été le théâtre de violentes manifestations le 19 décembre 2020, sur fond d’un conflit sur une terre qui fait l’objet d’un litige avec l’Etat. Retour sur les dessous de cette affaire, qui sera finalement réglée après que l’Etat ait cédé une terre domaniale de 200 hectares à la municipalité de Tozeur, qui sera aménagée en lotissements sociaux
Les protestations ont été menées par une coordination baptisée « Création d’une nouvelle Tozeur », pour revendiquer ces terres, où des constructions anarchiques allaient été érigées et après que la garde nationale soit intervenue pour les en empêcher.
Les concernés ont donc manifesté une première fois, le 15 décembre 2020, demandant le raccordement à l’eau et à l’électricité, demande que le gouverneur de la région, Aymen Bejaoui a refusé, en expliquant aux protestataires son refus par le caractère illégale de l’appropriation de ces terres.
Quatre jour après, la garde nationale est à nouveau intervenue pour les mêmes raison et c’est ainsi que le conflit a éclaté et que les protestataires ont décidé de manifester devant le siège du gouvernorat, en appelant au limogeage de tous les responsables de la région et pour revendiquer l’octroi des terres domaniales aux habitants.
S’il y a parmi les manifestants des personnes qui se sont rassemblées pour revendiquer leurs droits, on sait aussi que d’autres ont mis de l’huile sur le feu, étant directement impliquées dans cette affaire. En effet, Kapitalis a appris qu’un groupe d’escrocs avait promis à des habitants qu’ils pourraient les aider à acquérir un terrain, en demandant en contrepartie de l’argent pour les aider à régulariser leur situation…
Ce qui n’a pas été possible, bien que ladite coordination ait rencontré, plusieurs fois, le gouverneur de la région et que dernier s’était engagé à trouver une solution, à condition de ne pas enfreindre la loi. Décision soutenue par l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), partie prenante dans les négociations à cet effet. D’ailleurs une décision de démolition d’une construction anarchique appartenant à un homme d’affaires avait été appliquée, le 18 juin dernier, dans la même zone, puisque ces terres appartiennent à l’Etat.
Le conflit s’est aggravé lorsque la police est intervenue pour disperser la foule, le 19 décembre, ce que les manifestants n’ont pas apprécié mais que la police explique par la présence de personnes qui s’apprêtaient à entrer illégalement au bureau de la recette des finances de la ville. Le soir même des personnes ont saccagé et pillé des commerces, notamment le magasin Carrefour de la région.
On découvrira lors des arrestations effectuées que parmi les auteurs de ce vandalisme, il y avait les escrocs qui avaient promis les terres aux habitants contre une somme d’argent, sachant que les investigations se poursuivent dans ce sens.
Cependant la coordination « Création d’une nouvelle Tozeur » a nié, pour sa part, tout lien avec ces violences, en rappelant que sa manifestation est pacifique et que son objectif est de négocier avec les autorités afin de permettre la création des lotissements pour l’habitation.
Le 23 décembre courant, le secrétaire général du gouvernement, Walid Dhahbi, le ministre auprès du chef du gouvernement chargé des relations avec l’Assemblée Ali Hafsi, le chef de cabinet du ministre des Domaines de l’Etat, Nabil Abidi, la ministre de l’Agriculture, Aksa Bahri, se sont réunis, en présence de représentants du ministère de l’Equipement, du gouverneur de Tozeur, et du président de la municipalité de Tozeur, ainsi que des représentant de l’Union régionale du travail .
Suite à cette réunion, le ministère des Domaines de l’Etat et des Affaires foncières a décidé de céder à la municipalité de Tozeur une terre domaniale de 200 hectares, pour l’aménagement de lotissements sociaux et le renforcement du capital foncier de ladite municipalité, qui devra réviser le plan d’aménagement urbain pour inclure ces 200 hectares, afin de permettre aux services du ministère de finaliser les procédures de transfert de la propriété du terrain en question.
Ainsi, avec cette promesse faite par l’Etat le conflit devrait être définitivement résolu, bien que des parties appellent encore à ce jour à manifester jusqu’à obtention des dites terres.
Y. N.
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