Pour le député et dirigeant de Qalb Tounes, Yadh Elloumi, le président de la république, Kaïs Saïed, faisait allusion au président de son parti, Nabil Karoui, lorsqu’il a dit, il y a quelques semaines, qu’il ne discutera pas avec les corrompus. La preuve, selon le parlementaire, est que le chef de l’État n’a accepté l’initiative de l’UGTT de diriger un dialogue national qu’après l’emprisonnement de Karoui.
Intervenu, ce matin du jeudi 31 octobre 2020, Elloumi a, comme d’habitude, sous-entendu que Karoui, arrêté dans le cadre d’une affaire de blanchiment d’argent, est la victime d’un complot.
Il a, dans le même contexte, assuré que le patron de Nessma avait vendu sa maison pour 5 milliards de dollars et que cela a été enregistré comme étant des fonds introduits sur son compte bancaire depuis l’étranger, réitérant ses accusations à l’encontre des experts qui ont préparé le rapport sur les soupçons de corruption financière pesant sur lui. Un rapport «falsifié» et «son auteur doit être en prison», a-t-il lancé, continuant ainsi sa danse du coq égorgé.
«Nous allons demander l’asile», poursuit-il, en prétendant implicitement qu’il s’agit d’une affaire politique, alors qu’il sait bien que c’est loin d’être le cas et que cela est insensé car Karoui est actuellement très proche du pouvoir, étant à la tête de l’un des principaux partis constituant la ceinture politique du gouvernement Mechichi.
Il a même estimé que l’arrestation de Nabil Karoui était contraire aux principes des droits humains, critiquant la législation tunisienne, «rétrograde», «ouvrant la voie à de multiples interprétations» et «ne permettant pas d’encourager les investisseurs», selon lui, bien que, 2 minutes plus tôt, il a dit que ce sont les experts qui ont falsifié le rapport…
Tous les arguments sont décidément bons pour faire pression sur la magistrature tunisienne. Une curieuse stratégie communicationnelle – que M. Elloumi suit méticuleusement depuis le premier jour de l’arrestation de Karoui – pour quelqu’un qui est certain de l’innocence du chef de Qalb Tounes.
C. B. Y.
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