Les discours populistes, complotistes et de discrédit des institutions ont incité les comportements insurrectionnels aux Etats-Unis, la plus grande démocratie au monde et la mieux structurée. En Tunisie, une jeune démocratie encore fragile, les effets de tels discours risquent d’être beaucoup plus dévastateurs. Donc, vigilance !
Par Elyes Kasri *
Ce qui s’est passé avant-hier, décembre 2021, avec l’occupation du Capitole de Washington D.C, siège du Congres américain, par une foule bigarrée de partisans du président sortant Donald Trump, est une manifestation de la ferveur populiste alimentée par ceux qui montent en épingle les vices des institutions et se taillent une place en politique avec pour seul programme un appel vague à la volonté du peuple supposément trahi par les partis et les institutions et avec comme unique ressort l’émotion et l’imaginaire populaires.
Trump, qui sera en fin de compte considéré comme une courte parenthèse dans l’histoire des Etats-Unis d’Amérique, ferait-t-il des émules ailleurs et peut-être même en Tunisie?
Le spectacle affligeant offert avant-hier dans la capitale américaine devrait faire réfléchir plus d’un responsable de chez nous.
Avec la montée de la vague populiste dans le monde, y compris en Tunisie, le débat sur le système politique le plus adapté aux spécificités de notre peuple revêt une plus grande acuité car si les vices du système parlementaire (même aménagé) sont assez visibles, un président Trump tunisien avec de faibles garde-fous institutionnels pourrait faire sombrer le pays dans un délire insurrectionnel dont les premiers indices commencent déjà à pointer a l’horizon, avec les manifestations se multipliant dans les régions intérieures.
Les discours complotistes et de discrédit des institutions ont incité les comportements insurrectionnels dans le siège de la plus grande démocratie au monde. En Tunisie, les effets de tels discours risquent d’être beaucoup plus dévastateurs.
* Ancien ambassadeur.
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