Le cinéma tunisien est en deuil; il vient de perdre l’une de ses pionnières : la monteuse, réalisatrice et productrice Moufida Tlatli, décédé ce dimanche 7 février 2021, à l’âge de 73 ans.
Née le 4 août 1947 à Sidi Bou Saïd, Moufida Tlatli a également été ministre de la Culture pendant dix jours en janvier 2011, après la chute du régime de Ben Ali.
Issue d’une famille traditionaliste, elle découvre le cinéma grâce à son professeur de philosophie. Fascinée par l’univers de l’image, elle décide d’en faire son métier. C’est ainsi qu’après des études de montage à l’IDHEC (ancêtre de la Fémis), en France, dont elle sort diplômée en 1968, elle revient en Tunisie et travaille au montage de plusieurs films dont ‘‘Omar Gatlato’’ de Merzak Allouache, ‘‘Les Baliseurs du désert’’ de Nacer Khémir, ‘‘Le Cantique des pierres’’ de Michel Khleifi ou ‘‘Halfaouine, l’enfant des terrasses’’ de Férid Boughedir.
En 1994, elle réalise son premier long métrage coécrit avec Nouri Bouzid, ‘‘Les Silences du palais’’, qui révèle au public celle qui deviendra une star du cinéma arabe, Hend Sabri. Ce film à succès remporte le Tanit d’or aux Journées cinématographiques de Carthage, la Tulipe d’or au Festival international du film d’Istanbul, le Prix du meilleur long métrage lors du 5e Festival du cinéma africain de Milan ainsi qu’une mention du jury de la Caméra d’or au Festival de Cannes. Son second long-métrage de fiction, ‘‘La Saison des hommes’’, dans la même veine intimiste, sort en 2000 et obtient le Grand prix de l’Institut du monde arabe.
En 2001, la cinéaste fait partie du jury du Festival de Cannes et en 2004, elle obtient le prix McMillan-Stewart décerné par l’université Harvard.
Moufida Tlatli est considérée parmi les pionnières du cinéma féminin tunisien, avec Salma Baccar, Kalthoum Bornaz et autres Kahena Attia.
I. B.
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