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Politique-fiction : En Tunisie, le pire n’est jamais à écarter

Kaïs Saïed et Rached Ghannouchi ne font jamais simple.

Dans ce post Facebook, l’auteur imagine, dans une sorte d’exercice de politique fiction, les complications pouvant naître de la convocation du ministre de la Défense, Brahim Bartagi, par le président de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), Rached Ghannouchi, pour s’expliquer concernant le mandat d’amener émis par le parquet militaire à l’encontre du député Rached Khiari. En Tunisie, le pire n’est jamais à écarter…

Par Fadhel Mahfoudh *

Le ministre de la Défense est convoqué pour une audition devant l’ARP pour s’expliquer concernant le mandat d’amener émis par le parquet militaire à l’encontre d’un député.

Le ministre de la Défense refuse d’y aller arguant du fait qu’il n’est pas le chef du parquet militaire qui a ordonné le mandat en question.

Les députés non contents de cette position peuvent déposer une motion de censure contre le ministre, et si une majorité absolue des députés votent pour cette motion, le ministre en question ne le serait plus suite au vote de défiance à son encontre.

Au regard de la lenteur de cette procédure, le chef du gouvernement lui-même (Hichem Mechichi, Ndlr) peut, de son propre gré ou à la demande informelle de ses soutiens parlementaires (notamment Ennahdha, Qalb Tounes et Al-Karama, Ndlr), démettre son ministre de ses fonctions, après avoir consulté et avisé le président de la république (Kaïs Saïed, Ndlr).

Dans les deux cas, le vote de la motion ou le remerciement, il y aurait vacance au poste du ministre de la Défense.

Le chef du gouvernement se trouverait alors de nouveau dans l’impasse pour nommer un ministre, étant entendu que le président de la république refuserait d’accorder à ce dernier une audience pour qu’il puisse prêter serment, et ce en harmonie avec sa précédente position concernant le remaniement en suspens et en représailles au limogeage de «son» ministre.

Le chef du gouvernement chargera alors un ministre en exercice d’assurer l’intérim au ministère de la Défense.

La sensibilité du poste ministériel à pourvoir inciterait le chef du gouvernement à assurer lui même l’intérim en plus de l’intérim au ministère de l’Intérieur qu’il assure depuis quelque temps déjà.

Le président de la république, «garant du respect de la constitution» en l’absence d’une Cour constitutionnelle, considérerait, alors, que cette nomination même par intérim comme non conforme à la Constitution vu que les prérogatives de la défense nationale lui reviennent…

Le chef du gouvernement, avec l’appui de son soutien parlementaire, passera outre et s’arrogera donc le portefeuille de la Défense, mais le président de la république, chef des armées, ordonnera à l’état major de refuser d’obtempérer aux directives du ministre de la Défense par intérim, même s’il s’agit du chef du gouvernement lui-même, etc.

Entretemps, nos bienveillantes autorités nous annoncent un mois de mai encore plus meurtrier à cause de la pandémie la Covid-19.

* Ancien bâtonnier des avocats, Prix Nobel de la paix en 2015.

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