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L’«affaire Rached Khiari» fait tomber beaucoup de maques

Rached Khiari est sous la bienveillante protection de Rached Ghannouchi et Hichem Mechichi.

Les péripéties entourant l’affaire Rached Khiari, le député islamiste radical ayant fait l’objet d’un mandat d’amener émis la justice militaire et qui continue de fuir très courageusement, refusant d’assumer la responsabilité de ses actes, ne sont pas banals – même si les plus graves dérives sont aujourd’hui banalisées en Tunisie – et devraient normalement nous choquer. Et pour cause…

Par Imed Bahri

Ce qui dérange dans cette affaire ce n’est pas tant que la justice militaire, présentée abusivement comme une juridiction d’exception par certains droit-de-l’hommistes de circonstance qui ne s’étaient pas émus ni alarmés outre mesure lorsque des non-islamistes ont comparu au cours des dernières années devant le tribunal militaire, notamment des journalistes et des hauts cadres de l’Etat.

Ce qui dérange (et choque) dans cette affaire c’est plutôt la mobilisation générale décidée par Rached Ghannouchi, le président du parti islamiste Ennahdha et, très accessoirement, président de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), aux côtés de ce sulfureux député, qui, il n’y a pas longtemps, défendait l’organisation terroriste de l’Etat islamique (Daêch) et justifiait l’égorgement d’un enseignant français devant son lycée, au sud de Paris, par le devoir de défense du prophète de l’islam. Entre autres excès qui auraient dû, dans un pays normal, lui valoir une comparaison devant les juges en vertu de la loi antiterroriste.

Rafik Bouchlaka se déchaîne sur les réseaux sociaux

Suite à l’alerte sonnée par le chef des islamistes tunisiens, la meute des chiens de garde habituels s’est déchaînée sur les réseaux sociaux contre le président de la république Kaïs Saïed, accusé de vouloir instaurer une dictature militaire (sic !), laissant ainsi entendre que c’est lui qui aurait actionné la procédure judiciaire, ce qui, bien entendu, reste à prouver, surtout que l’intéressé, professeur de droit constitutionnel de son état, est réputé pour son attachement au texte et à l’esprit de la Constitution qui stipule la séparation des pouvoirs. Bien que stupide et farfelue, cette accusation a été reprise à son compte par Rafik Bouchlaka, l’époux de Soumaya Ghannouchi et le gendre de son beau-père, qui s’est lancé, comme à son habitude, dans un procès – pour le moins injuste et outrancier – contre le chef de l’Etat, qui, selon lui, s’attaquerait à la jeune démocratie tunisienne et voudrait revenir à un régime dictatorial déchu.

Un docteur en sciences politiques, qui plus est, diplômé d’une université britannique, comme aime à se présenter cet homme dont le seul «mérite» est son alliance avec le clan Ghannouchi, n’écrirait pas des commentaires aussi excessifs reprenant les mensonges et les insultes polluant les réseaux sociaux. Mais on n’y peut rien, la Tunisie est tombée si bas depuis l’accession des islamistes au pouvoir au lendemain des élections de 2011 que ce Bouchlaka-là a été, durant un peu plus d’un an, de janvier 2012 à mars 2013, le ministre des Affaires étrangères de notre pays, et on se souvient des dérives de la diplomatie tunisienne au cours de cette période de si triste mémoire.

Le laxisme complice de Hichem Mechichi

Ce qui choque aussi dans l’affaire Rached Khiari c’est le curieux laxisme du chef de gouvernement Hichem Mechichi, qui cumule aussi les fonctions de ministre de l’Intérieur, et qui est tenu de donner les instructions nécessaires pour l’exécution du mandat d’amener émis par la justice militaire à l’encontre du député djihadiste, mais qui ne bouge pas le petit doigt, se contentant de regarder ailleurs.

En fait, et pour honorer son statut de marionnette du parti islamiste auquel il doit son maintien à son poste, M. Mechichi fait semblant de ne pas être concerné par cette affaire, au risque de se rendre ainsi complice d’une grave atteinte à la sécurité de l’Etat qu’il est censé incarner. Grave omission s’il en est qui est à ajouter à la longue liste des bévues que lui fait commettre sa totale dépendance de ce qu’il appelle lui-même son «coussin politique», à savoir la coalition parlementaire constituée par Ennahdha, Qalb Tounes et Al-Karama, la succursale du parti islamiste sur la liste de laquelle le député djihadiste avait été élu il y a un an et demi. Ceci explique cela…

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