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Mechichi, Ghannouchi et… les mécréants

Hichem Mechichi prend ses instructions.

Dans la guéguerre qu’il mène contre le président de la république Kaïs Saïed, à distance et par procuration, pour le compte du parti islamiste Ennahdha, son principal «employeur», le chef du gouvernement Hichem Mechichi s’agite et multiplie les activités futiles et inutiles, qui lui permettent juste d’exister médiatiquement. C’est dans ce cadre que l’on peut inscrire sa visite aujourd’hui, mercredi 28 avril 2021, à Kairouan, pour y célébrer Ghazouat Badr. Une célébration dont la symbolique guerrière est pour le moins choquante, quelques jours après l’attentat de Rambouillet, au sud de Paris, commis par un Tunisien, et dont on n’arrive pas à saisir l’opportunité…

Par Imed Bahri

À défaut de pouvoir afficher la moindre réalisation, car il n’en a aucune digne de ce nom et dont il peut sérieusement être fier, et ayant achevé le cycle des cadeaux (augmentations salariales et primes indues à telle ou telle corporation ou corps de métier), les caisses de l’Etat étant désespérément vides et le pays obligé de renouer avec sa détestable habitude de frapper aux portes des bailleurs de fonds pour demander l’aumône, M. Mechichi succombe à la tentation de la communication tout azimut, dans l’espoir de remplir les trous et les vides de plus en plus béants de son improbable mandat.

M. Mechichi n’y peut rien. C’est son destin, celui de tout homme politique qui n’a aucune légitimité, n’a pas été élu, n’a pas de passé militant, n’appartient à aucun parti et n’est porté par aucune ferveur populaire. C’est aussi son choix, car, face à son inconsistance politique congénitale, il semble avoir opté dès le début pour un rôle de «khammes» (métayer) et de serviteur zélé des dirigeants islamistes, toujours en quête d’un «oiseau rare», pour emprunter l’expression chère à leur dirigeant, le très cynique Rached Ghannouchi, ou «tartour», c’est-à-dire une marionnette qu’ils manipulent à volonté pour faire imposer leurs vues et faire valoir leurs intérêts.

Mechchi à Kairouan pour quoi faire ?

Dans ce rôle là, M. Mechichi, simple cadre administratif bombardé chef de gouvernement et abusivement qualifié de technocrate (traduire : apolitique), est en train d’exceller. D’ailleurs, il prend tellement goût à ce rôle qu’il commence à s’y accrocher comme un mort de faim, quitte à se couvrir de ridicule à chaque nouveau pas qu’il fait sur la voie de la servitude assumée. Dernier épisode de ce feuilleton que l’on titrerait ‘‘L’horreur du vide’’, le locataire du Palais de la Kasbah, va se rendre aujourd’hui à Kairouan.

Pourquoi Kairouan et que va-t-il y faire ? À notre connaissance, il ne va pas inaugurer une nouvelle usine ni même annoncer l’extension d’une usine existante. Il ne va pas non plus assister à un forum économique sur les perspectives d’investissement et de développement dans cette région qui compte parmi les plus pauvres du pays. Il ne va même pas distribuer les clés de logements sociaux à des foyers sans logis ou des aides alimentaires à des familles pauvres (le mois de ramadan est propice à ce genre d’activité sociale). Ce n’est même pas la campagne nationale de lutte contre le fléau du coronavirus, faisant actuellement des ravages en Tunisie, le pays africain le plus affecté par l’épidémie, qui l’amène à Kairouan.

Non, non, ces choses-là ont cessé depuis longtemps d’être parmi les premières préoccupations du chef du gouvernement, dont le principal souci est de rester le plus longtemps possible à son poste et de plaire à ses «employeurs» du moment. Et pour cela, il sait ce qu’il doit faire : caresser les islamistes dans le sens du poil, multiplier les gestes de soumission à leur volonté et se prosterner à leurs pieds.

C’est, donc, dans le cadre de cette politique ô combien utile (en tout cas pour lui) qu’il va assister, cet après-midi, à la Grande Mosquée de la capitale des Aghlabides, de la célébration de la Ghazouat Badr (ou bataille de Badr), du nom d’une vallée située entre La Mecque et Médine, la première bataille victorieuse des Arabes musulmans, conduite par le prophète Mohamed contre le clan des Quraychites qui l’avaient contraint à l’exil vers Médine, et qui a eu lieu le 13 mars 624, en plein mois de ramadan. Pour l’Histoire, il convient de rappeler que lorsque la bataille s’est achevée, les corps des Quraychites furent enterrés dans une fosse commune et certains prisonniers exécutés.

La célébration de Ghazouat Badr pour narguer quels «mécréants»?

Outre le fait que cette activité officielle va se traduire par un rassemblement politico-religieux en pleine recrudescence de la pandémie de la Covid-19, ce qui serait pour le moins fâcheux de la part d’un responsable politique censé donner le bon exemple, d’autant que cette célébration n’a jamais figuré dans le calendrier politique officiel, à l’instar du Mouled, anniversaire de la naissance du prophète, ou de Laylat al-Qadr ou Nuit du Destin, coïncidant avec le 27e jour de ramadan.

Sur un autre plan, la célébration de la Ghazouat Badr a une connotation guerrière dont la signification politique, en pleine guéguerre entre Rached Ghannouchi et Hichem Mechichi, d’un côté, et Kaïs Saïed, de l’autre, pourrait avoir une bien fâcheuse charge symbolique. Aussi, une question s’impose-t-elle ici : qui sont les «mécréants» contre lesquels M. Mechichi tient-il à célébrer cette fête religieuse ?

Espérons que les groupes terroristes, qui choisissent souvent cette même date pour se manifester et marquer ainsi les esprits des «mécréants» que nous sommes tous à leurs yeux, ne viendront pas gâcher cette fête par un attentat sanglant quelque part dans le pays. Car, dans ce cas, et à trop vouloir plaire aux islamistes d’Ennahdha et d’Al-Karama, qu’il s’entête à vouloir servir avec un zèle renouvelé, le chef du gouvernement pourrait se retrouver dans de beaux draps. Prions Allah pour qu’il n’en soit pas ainsi…

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