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Qalb Tounes et la fable de Nabil Karoui «prisonnier politique»

En annonçant que leur intention d’internationaliser l’affaire de Nabil Karoui si le magnat de la publicité et de la télévision n’est pas libéré, sa période de détention préventive ayant, selon eux, dépassé le délai légal, les dirigeants de Qalb Tounes poursuivent sur leur lancée, croyant pouvoir convaincre l’opinion publique nationale et internationale de la justesse d’une cause qui sent le soufre.

Par Imed Bahri

Non contents d’avoir trahi leurs électeurs, de s’être alliés à ceux qu’ils avaient présentés, lors de la campagne électorale, comme leurs pires adversaires et d’avoir offert sur un plateau la présidence de l’Assemblée à Rached Gannouchi, président du parti islamiste Ennahdha, l’homme politique le plus impopulaire en Tunisie, avec les conséquences désastreuses que l’on sait, les dirigeants du parti Qalb Tounes continuent d’hypothéquer l’avenir de leur parti voire l’avenir même du pays pour défendre leur président, Nabil Karoui, poursuivi en justice dans des affaires d’évasion fiscale, de corruption financière et de blanchiment d’argent, ainsi d’ailleurs que son frère et associé, Ghazi Karoui, député Qalb Tounes, qui, lui, a, jusque-là, utilisé son immunité parlementaire pour échapper la justice.

Une touchante ingénuité

En annonçant que son parti a l’intention d’internationaliser l’affaire de Nabil Karoui si le magnat de la publicité et de la télévision n’est pas libéré, sa période de détention préventive ayant dépassé le délai légal, selon lui, le président du bloc parlementaire de Qalb Tounes, Oussama Khelifi, poursuit sur sa lancée, croyant pouvoir convaincre l’opinion publique nationale de la justesse de la cause qu’il défend.

Non seulement M. Khelifi a commis l’erreur de tenir son point de presse au siège même du parlement, au Bardo, instrumentalisant ainsi cette institution républicaine pour s’attaquer à une autre institution républicaine, la justice en l’occurrence, mais, dans sa touchante ingénuité, il croit pouvoir faire avaler aux Tunisiens et même à l’opinion publique internationale une bien grosse couleuvre, en qualifiant Nabil Karoui de «prisonnier politique». Quand on connaît la lourdeur des accusations auxquelles fait face le concerné, cette affirmation ferait sourire, tant son auteur persiste à vouloir prendre les Tunisiens pour des idiots.

Saïed volera-t-il au secours des frères Karoui ?

«Nous nous adresserons à l’opinion publique internationale et aux amis de la Tunisie à l’étranger afin de lever l’injustice contre Nabil Karoui», a dit cet ancien membre du Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), ancien parti au pouvoir sous Ben Ali, «recyclé» par Nidaa Tounes, avant d’atterrir dans Qalb Tounes, où il a gagné ses galons. Et qui, avec la même touchante candeur, a ajouté, lors de la même conférence de presse, que son parti enverra une lettre au président de la république Kaïs Saied pour l’exhorter à faire une déclaration claire à propos de l’emprisonnement de Karoui, son adversaire au second tour de la présidentielle, qui, selon les dires de M. Khelifi, fait l’objet d’injustices judiciaires.

M. Khélifi et ses camarades, qui n’avaient jamais ménagé jusque-là leurs attaques contre le chef de l’Etat, n’hésitant même pas devant les termes les plus outranciers pour le blesser, croient-ils vraiment que M. Saïed va accepter de s’immiscer dans les affaires de la justice pour… les beaux yeux de M. Karoui, un personnage pour le moins sulfureux ? Croient-ils vraiment qu’un homme aussi rigoureux et rectiligne, droit comme un doigt, si engagé dans son combat contre la corruption et pour le respect de l’Etat de droit, va accepter de se mêler à une affaire aussi compromettante moralement et politiquement ?

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