Si l’on veut un exemple concret prouvant la force destructrice de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) et les obstacles qu’elle met au développement de l’économie tunisienne, on se contentera de son opposition radicale à toute tentative de réforme du port de Radès, premier port commercial en Tunisie et principal poumon de son économie, devenu au fil des ans son talon d’Achille.
Ainsi, les Etats-Unis ont-ils proposé de débloquer, via leur organisme d’aide Millennium Challenge Corp (MCC), 324 millions de dollars (près de 900 millions de dinars tunisiens) pour financer l’extension du port de Radès. Cette enveloppe devrait financer en particulier la construction des quais 8 et 9. Mais l’opération achoppe à un grave problème incarné par la Société tunisienne d’acconnage et de manutention (Stam).
Cette société publique qui règne en maître sur le port, et dont les agents multiplient les grèves et les sit-in, causant d’énormes retards et les grosses pertes qui en découlent pour les opérateurs économiques, refuse de s’associer à un partenaire privé pour la gestion du port ou a minima des nouvelles infrastructures, comme l’exigent à juste titre les bailleurs de fonds.
Quand on sait que l’UGTT, opposée par principe à toute forme de privatisation, fut-elle partielle, qui la priverait d’une partie de sa force de frappe syndicale, soutient le syndicat de la Stam, au point d’avoir fait signer, en 2014, à l’ex-ministre des Transports Chiheb Ben Ahmed, une convention excluant toute gestion privée des nouveaux quais, on comprend comment le syndicalisme mal compris devient une force de destruction massive hypothéquant l’avenir d’un pays qui peine à relancer son économie en berne.
Mais cela, bien sûr, aucun responsable gouvernemental, aucun gros ponte de l’administration et aucun dirigeant des partis infestant la scène politique nationale n’aura le courage moral de le déplorer. C’est à se demander qui gouverne réellement le pays et si l’Etat tunisien est réellement en mesure de mettre en route les nombreuses réformes structurelles qu’il s’engage à mener dans les négociations avec ses bailleurs de fonds.
I. B.
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I. B.
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