Les dirigeants du parti islamiste Ennahdha, dos au mur, se sont accrochés à une dernière planche de salut, le chef de gouvernement Hichem Mechichi, qu’ils ont essayé d’utiliser, encore une fois, dans leur guéguerre contre le président de la république Kaïs Saïed, qui venait de leur asséner un coup de maître, qui va être fatal pour l’islam politique, non seulement en Tunisie mais aussi dans toute la région. Mais cette fois-ci le super sbire, son intérêt bien compris, n’a pas marché dans la combine. Ouf ! il a failli se prendre une nouvelle fois le pied dans le tapis…
Par Ridha Kéfi
Hier, lundi 26 juillet 2021, l’ancien chef de gouvernement limogé vingt-quatre heure auparavant et qui se murait dans un silence total, était pressé par les Nahdhaouis pour qu’il réunisse son gouvernement et lance ainsi un dernier bras de fer avec le président de la république. Les dirigeants islamistes ont même cru l’affaire conclue, puisqu’ils ont annoncé à cor et à cri que le «muchacho» de service allait réunir son conseil de gouvernement, sans se demander un instant si les membres de ce gouvernement, qui ne sont pas des enfants de chœur, allaient répondre à son appel.
C’est l’histoire d’un pauvre petit pion
Bon, là où ils en sont, on leur pardonne leur naïveté, qui n’est pas le fruit de l’inexpérience, car ce sont habituellement de fins manœuvriers, mais de l’état de panique dans lequel ils se trouvent depuis l’annonce, dimanche soir, par le président Saïed, de l’activation de l’article 80 de «leur» Constitution, leur tirant ainsi le tapis sous les pieds et les mettant sur un toit brûlant.
Mechichi, dont on ne sait pas encore le genre de discussion qu’il eut la veille, au Palais de Carthage, avec le chef de l’Etat, avant la fameuse annonce, semble, cette fois, avoir compris sa position exacte dans l’échiquier politique national, celle d’un pauvre petit pion qu’on consacrerait volontiers à la première occasion.
Ayant déjà commis suffisamment de bêtises au cours des derniers mois, en se mettant au service des islamistes et de leurs alliés, sans état d’âme et surtout sans la moindre précaution, l’ex-chef de gouvernement a dû comprendre, en méditant seul chez lui, entre quatre murs, tout en buvant le verre de l’humiliation et de l’indignité jusqu’à la lie, qu’il n’a plus intérêt à jouer les grosses têtes, car le risque est grand de se retrouver bientôt, le ministère public échappant désormais à son emprise, devant quelque intraitable juge d’instruction. C’est ainsi que, proie au remord, Mechichi s’est décidé à enterrer la hache de guerre, une guerre dont il n’avait pas les moyens et dont il finit par payer les frais.
Le chemin de l’arrogance à l’humiliation est pavé de… bêtises
Hier, tard dans la soirée, l’ex-chef de gouvernement, revenu à de meilleurs sentiments et sans doute aussi écrasé par la peur, se fendit d’un long, très long communiqué où il dit s’aligner sur la volonté du peuple et, après moult justifications oiseuses, exprime sa disposition à céder le témoin à celui que le président nommera pour lui succéder… comme s’il en a encore le choix.
Pour que l’humiliation ne sera pas encore plus atroce qu’elle le fut jusqu’ici pour lui, il reste à Mechichi d’espérer que M. Saïed ne nomme pas à la Kasbah Taoufik Charfeddine, son ex-ministre de l’Intérieur qu’il a limogé et dont il prit la place d’une manière arrogante, cavalière et qui dénote une ignorance d’une des premières règles de la politique, qui consiste à ne jamais insulter l’avenir.
Bon maintenant, le mal est fait et l’Histoire ne fait jamais marche-arrière. Pour un quinquagénaire dont la carrière politique a été si courte, la retraite prématurée sera difficile à vivre. Il pourra cependant en profiter pour méditer sur ses erreurs et ses stupidités. Sait-on jamais, au cas où, un jour, on ferait appel à lui. N’insultons pas l’avenir !
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