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Najla Bouden au palais de la Kasbah est un écran de fumée

Quelle marge de manœuvre Kais Saied laissera-t-il à Najla Bouden ?

Selon l’auteur, la nomination hier, mercredi 29 septembre 2021, par le président de la république Kaïs Saïed, d’une femme, Najla Bouden Romdhane, docteure en géologie, enseignante universitaire et commis de l’Etat, au poste de chef de gouvernement, et ce pour la première fois en Tunisie et dans le monde arabe, est un «écran de fumée», car la nouvelle promue n’aura que les pouvoirs que le chef de l’État lui déléguera.

Par Faouzi Ben Abderrahman *

On ne dira jamais assez que nous sommes un peuple impressionnant et impressionnable, affectif et majoritairement légaliste. On aime l’ordre et le pouvoir fort, on ne s’est pas encore habitués aux cabosses de la route escarpée de la transition démocratique.

On retient de la nomination son genre et la symbolique prend le pas sur le fond et la recherche de la performance chez l’artisan de la décision mais aussi chez de larges franges de l’opinion y compris de la classe politique.

Une mission limitée

On oublie que la dame est nommée sur la foi d’un décret présidentiel qui a pris le pas illégalement sur le texte constitutionnel en vigueur, et que de ce fait, sa mission est limitée par la limite des mesures transitoires, donnée faisant partie de la métaphysique présidentielle.

Par ailleurs, cette dame et le gouvernement sont nommés par le président et devront exécuter le programme du président et ne rendre compte qu’au président pas au peuple. N’est responsable devant le peuple que le président de la république, selon des modalités qui restent a définir en l’an 1 du décret 177 de l’empire (décrété le 22 septembre dernier, Ndlr).

Ainsi, il sera inutile d’adresser la moindre doléance ou critique à cette dame, vu qu’elle n’est que l’exécutrice d’un programme qui n’est pas le sien, d’une équipe qui ne sera pas la sienne et ne sera responsable que devant le président tout-puissant qui l’a nommée en vertu du décret 177.

Manœuvre pour une symbolique

Kais Saied a cherché à créer par la symbolique de la nomination un écran de fumée, une symbolique qui occulte la recherche de la performance. Il va sans dire que cette symbolique ne peut jamais être mal accueillie dans la Tunisie bouguibienne, pour ceux qui peuvent s’en étonner.

On va attendre le programme présidentiel du gouvernement. Peu importe qu’il soit mené par une femme, de Kairouan ou d’ailleurs. Et peu importent les noms de ministres qui formeront ce gouvernement. Car ce n’est qu’un gouvernement provisoire et illégitime en vertu d’un décret illégitime et non responsable devant le peuple (même pas le peuple qui veut).

L’écran de fumée : une manœuvre qui a bien réussi par sa symbolique.

* Ancien ministre de la Formation et de l’Emploi.

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