Poète, essayiste, traducteur et chroniqueur turc, Özdemir İnce est né en 1936 à Mersin en Turquie. Après des études classiques, il devient professeur de français (1960-1969); scénariste de télévision, directeur de rédaction et de planification, puis conseiller auprès de la direction générale de la Radio-Télévision de Turquie (1969-1982); directeur littéraire et éditeur des Editions Can (1989-1995) et des Editions Telos (1995-2000) à İstanbul; à partir de 2000, il a été chroniqueur du quotidien Hürriyet puis d’Aydınlık.
Francophone, il s’est fait connaître aussi en traduisant de nombreux poètes dans la langue turque, notamment Aloysius Bertrand, Lautréamont, Rimbaud, René Char, Alain Bosquet, Cavafy, Séféris, Yannis Ritsos, Adonis et Abdellatif Laabi.
En turc, il a publié plus de 30 recueils de poésie et 26 livres d’essais critiques et politiques. Ses livres ont été traduits en une vingtaine de langues.
Parmi ses livres traduits en français, on peut lire Poèmes, 1982. On meurt à moins, 1993. Mani est vivant !, 2005.
La trace vermeille
d’un oiseau abattu dans les airs
la voix de l’eau et du cerf
dans la montagne étouffée de chaleur
attendre avec patience
pour une seule phrase
pour un seul mot
devant une page blanche
revenir d’un long voyage
ouvrir des enveloppes et lire des lettres
de l’écume de la trahison et du sang
apprendre à rire et à aimer
sous un oranger
des fleurs de fèves venant d’éclore
être tué à l’école
mourir en exil.
Ce sont là des définitions sur la vie
tandis que j’écoute les battements de mon cœur
au début d’un été.
Les morts s’entassent les uns sur les autres
dans les rues, sur les pages des journaux,
leurs larmes, des instants brûlants et du lait amer.
Sur du fer une césure de sang,
l’année 1980,
vivre en Turquie.
Ankara, 29.5.1980
Tiré de Bütün Şiirlerim, ikinci kitabı, 2002 (Tous mes poèmes, Tome 2), traduction de C. Lajus.
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