Aussitôt arrivé à Londres, capitale mondiale des Frères Musulmans, que le tapis rouge a été déroulé à Rafik Bouchlaka en prime time sur Al-Hiwar, la chaîne de l’Organisation internationale des Frères Musulmans dirigée par Azzam Tamimi, grand ami de Rached Ghannouchi à qui il a consacré un livre en 2001 intitulé « Rached Ghannouchi, un démocrate parmi les islamistes ». Sur la chaîne qui livre une guerre sans répit à Kaïs Saïed, coupable d’avoir éjecté Ennahdha du pouvoir, l’époux de Soumaya Ghannoushi (c’est ainsi qu’elle transcrit son nom en l’anglicisant) s’est adonné à son sport préféré : s’acharner sur le président de la république mais pas un seul mot sur la guerre interne qui secoue le parti islamiste tunisien ou celle qui déchire les Frères Musulmans.
Par Imed Bahri
La chaîne Al-Hiwar, qui était la principale tribune de Rachel Ghannouchi à Londres quand il était exilé avant 2011 dans le quartier cossu d’Ealing Broadway dans l’ouest londonien, mène depuis le 25 juillet la guerre contre Saïed à partir de la capitale britannique pour le compte des islamistes tunisiens et des Frères musulmans en général. Nous sommes d’ailleurs revenu longuement dans un article publié le 29 août dernier sur Kapitalis sur cette figure centrale de la galaxie des Frères Musulmans. Nous avons publié ses tweets dont celui où il qualifie l’armée tunisienne de «milice armée au service des corrompus et des tyrans à l’instar des autres armées arabes». Et c’est sur la chaîne dirigée par un minable agitateur islamiste qui insulte l’armée de son propre pays (appréciez le patriotisme du gendre de Ghannouchi) que Rafik Bouchlaka a défilé pour servir, à partir de l’étranger (où il fuit la justice tunisienne qui le poursuit dans les affaires de corruption), la propagande islamiste ne reculant devant aucun mensonge ni intox.
Un autre «génie» incompris
«J’ai prévenu depuis une année au sein d’Ennahdha que Kaïs Saïed préparait un coup d’État mais on ne m’écoutait pas et on m’accusait de vouloir compromettre les relations avec le président de la république», a-t-il déclaré, en endossant le rôle du génie incompris, rôle que l’on croyait réservé au seul Ahmed Safi Saïd. Celui à qui la chaîne de Azzam Tamimi sert des «Monsieur le ministre» à chaque question nous apprend qu’il n’a même pas été écouté par son beau-père, mais il n’essaie pas de comprendre pourquoi ce dernier était resté de marbre face à ses prédications de pyromane.
Poursuivant son récit mensonger et manipulateur, Bouchlaka accuse Kaïs Saïed d’être à l’origine du chaos qui régnait à l’Assemblée pour, dit-il, justifier ce qu’il allait entreprendre le 25 juillet 2021. Comment dirions-nous? L’époux de Soumaya Ghannoushi, qui avait été bombardé par son beau-père, en janvier 2012, ministre des Affaires étrangères, malgré la forte opposition de la majorité des dirigeants historiques d’Ennahdha, explique que quand il y avait des bagarres à l’Assemblée, la sécurité présidentielle, qui assurait la sécurité de l’Assemblée, n’intervenait pas.
Décidément, pour disculper son beau-père, piètre président de l’ARP où il a voulu tout contrôler pour en arriver à ne plus rien contrôler du tout, l’imaginaire de Bouchlaka ne connaît aucune limite et cherche, très maladroitement du reste, à mettre les désordres au sein de l’Assemblée sur le dos de Saïed à qui il attribue une malice complètement étrangère au personnage. Imaginez si la sécurité présidentielle avait commis la légèreté de pénétrer dans l’enceinte du parlement pour essayer de mettre de l’ordre parmi les députés qui s’étripaient du matin au soir, qu’aurait dit «le» Bouchlaka ? N’aurait-il pas crié au putsch militaire ?
La mauvaise foi, on le sait, est la marque de fabrique des islamistes, qui mentent comme ils respirent, et avec l’effronterie de ceux qui ne reculent devant aucune énormité. Et dans cet exercice, Bouchlaka comme son beau-père, sont des champions hors catégories.
Des mensonges grossiers
Si Kaïs Saïed voulait se débarrasser de l’ARP, il l’aurait fait dès l’été 2020 quand le gouvernement Fakhfakh était tombé. Il aurait nommé une personne inacceptable pour l’alliance islamo-affairiste contrôlant le parlement, qui n’aurait pas obtenu la confiance des députés, et le tour serait joué : il aurait dissout l’Assemblée et on se serait débarrassé, une année avant, du chaos qui y régnait, mais Kais Saïed, soucieux de préserver les institutions de la république, même lorsqu’elles fonctionnent mal, s’était gardé de le faire et on le lui avait d’ailleurs reproché à l’époque.
Par ailleurs, le protagoniste des affaires dites du «Sheraton Gate» et du «don chinois» doit savoir que la sécurité présidentielle ne peut pas intervenir au sein l’hémicycle pour y jouer aux casques bleus séparant les belligérants. Sa mission se limite à garantir la sécurité du bâtiment, à y filtrer les entrées et à assurer la sécurité de certains députés ou hommes politiques avant leur entrée dans l’hémicycle.
Par conséquent, Bouchlaka ment quand il accuse Saïed d’avoir laissé pourrir la situation au Bardo pour qu’une fois le fruit pourri, il s’en débarrasse.
Le seul et l’unique responsable du pourrissement de la situation au sein du parlement ce sont Rached Ghannouchi et les alliés violents d’Ennahdha, en l’occurrence les voyous de la coalition islamo-populiste Al-Karama dont la place est dans les quartiers mal famés où ils auraient joué volontiers les gros bras, et non pas dans une Assemblée législative.
L’armée dans le viseur des islamistes
Celui qui s’exprime sur une chaîne dont le dirigeant, Azzam Tamimi, a insulté l’armée tunisienne s’en est pris lui aussi à notre armée nationale l’accusant de complicité avec Saïed en prétendant que le président de la république l’a ramenée dans son giron en effectuant des visites nocturnes dans les casernes.
D’ailleurs, les islamistes sont en train de manipuler pernicieusement les Américains, surtout au Congrès, et de les remonter contre Saïed en utilisant cet argument totalement infondé, et ils y ont malheureusement réussi, d’autant que ces derniers étaient disposés à se faire manipuler, en ne faisant aucun effort de discernement, avalant les couleuvres de leurs «protégés» avec un gros appétit, les Frères musulmans faisant partie intégrante de leur stratégie de déstabilisation du monde arabe… au profit d’Israël.
La commission au Sénat qui octroie les aides militaires a, toutefois, demandé au secrétaire d’État américain Austin de répondre, dans un délai maximum de 45 jours, à la question de savoir si l’armée tunisienne est impliquée avec Saïed dans son «coup politique» du 25 juillet ou pas, car elle va conditionner l’aide militaire à la Tunisie à cette donnée.
A Londres comme à Tunis et partout, la machine médiatique des Frères Musulmans continue de diaboliser Saïed, mais à aucun moment elle ne se demande si les islamistes, au terme de dix années de pouvoir non-stop qui a carrément détruit le pays et l’a mis au bord de la banqueroute, se sont trompés un jour. Non ils ont toujours raison et les autres ont toujours tort.
Quant à la guerre intestine que se livrent les islamistes entre eux et les critiques qu’ils s’adressent les uns les autres, Monsieur Gendre n’en dit pas un seul mot et son interviewer maison, payé pour lui servir la soupe, ne lui pose aucune question à ce sujet. Et si, là aussi, Kaïs Saïed était le principal responsable des divisions des islamistes ? Parions qu’ils l’en accuseront bientôt…
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