Le titre peut choquer beaucoup de personnes bien pensantes. Le fait n’est pourtant pas insolite ou irréaliste. Cela a bel et bien eu lieu… mais il y a… 74 ans. C’était hier, mais les mémoires sont un peu trop oublieuses. (Voir documents ci-dessous).
Le document reproduit en illustration de cet article est très intéressant. C’est une coupure de presse de la Une du journal «La Dépêche de Tunisie» daté du 6 août 1947 relatant l’histoire de migrants italiens ou harragas comme on dit aujourd’hui, en provenance de la Sicile, et peut-être même de Lampedusa, arrêtés à leur débarquement du côté de la plage de Kélibia, dans le Cap Bon.
La Tunisie était, à l’époque et depuis plus d’un siècle déjà, une terre d’émigration et d’asile pour les Français, amenés par la puissance occupante, mais aussi pour les Grecs, les Maltais et les Italiens, en provenance notamment de la Sicile.
Au cours de la première moitié du siècle dernier, la Tunisie a compté plus de 100.000 italiens venus en plusieurs vagues pour fuir la pauvreté dans leur pays, en majorité en provenance de la Sicile mais aussi d’autres régions et villes comme Gênes. Ils ont trouvé accueil, hospitalité, travail et moyen de subsistance. Beaucoup ont fait souche, comme on dit. Certains sont devenus Tunisiens et sont même restés en Tunisie après l’indépendance du pays en 1956. Mais la plupart ont préféré regagner la France, dont il ont acquis entre-temps de la nationalité.
Aujourd’hui que les mouvements migratoires ont inversé leur tendance, allant désormais du sud vers le nord, et que les gens du nord multiplient les mesures pour tenter de stopper ce mouvement ou tout au moins de le contenir, ce rappel pourrait être utile non pas pour justifier l’émigration illégale ou clandestine, mais pour situer ce mouvement dans sa logique à la fois démographique et historique et afin que le regard que nous portons sur ce phénomène, au sud comme au nord, ne soit pas vicié ou lacunaire, mais global et bien informée.
I. B.
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