L’annonce de sa mort, hier soir, mercredi 24 novembre 2021, à l’âge de 68 ans, a provoqué une grande vague d’émotion dans le milieu littéraire et de la presse en Tunisie, où Mohamed Bouamoud, était très apprécié. Et pour cause…
Par Imed Bahri
Ce natif de Bizerte, ville dont il a fait le cadre de certains de ses romans, notamment »La princesse de Bizerte », distingué par le prix Comar d’or du roman tunisien en 2019, était un homme simple, tendre, affectueux et attentionné, qui n’avait que des gestes amicaux et des mots doux pour les autres. Ce qui le rendait si attachant que sa proximité était très recherchée par ses collègues et amis du milieu culturel en général et littéraire en particulier.
Du journalisme au roman
Journaliste et critique littéraire, Mohamed Bouamoud avait consacré plus de quatre décennies à couvrir les activités culturelles tunisiennes pour plusieurs journaux de la place, où sa plume était très recherchée. Sensible, cultivé et érudit dès qu’il s’agit d’histoire tunisienne, dont de nombreux épisodes ont inspiré ses romans, il est tout naturellement passé du journalisme au roman, dont il a fait, au cours des vingt dernières annnées de sa vie, sa principale occupation, une sorte de prière quotidienne voire un sacerdoce, vouant l’essentiel de son temps à l’écriture, déployant son imagination créatrice et égrenant ses mots, à la fois tendres et puissants, justes sans être recherchés, travaillés par une sensibilité et un lyrisme de poète, pour évoquer des histoires qu’il était allé chercher dans la grande histoire, celle de la Tunisie, l’unique amour de sa vie, le seul que lui connaissent ses amis, lui qui était si réservé et si discret, dès qu’il s’agissait de sa vie personnelle.
Dire que la mort de Mohamed Bouamoud est une grosse perte pour la scène culturelle et littéraire tunisienne ne suffit pas à rendre hommage à la mémoire de cet homme qui n’a laissé que de beaux souvenirs chez tous ceux qui l’ont connu et côtoyé ou ceux qui ont seulement lu ses livres et en ont été marqués.
La richesse des mots
De »Essayyda El Mannoubyya », son premier roman publié en 2008, consacré à la vie de la célèbre mustique et bienfaitrice ayant marqué l’histoire de Tunis au 12e siècle, qui lui a valu le 2e prix de la Médina Hammamet-Poulina, à »La Princesse de Bizerte », un roman relatant une histoire d’amour impossible entre deux jeunes, une Tunisienne et un Français, brisée par la guerre de Bizerte en 1961, sans parti-pris ni manichéisme, mais avec cette justesse de ton qui est sa marque de fabrique, et qui lui a valu le prix Comar d’Or du roman tunisien en 2019, Mohamed Bouamoud, venu assez tard au roman, a pu néanmoins enrichir la bibliothèque du roman tunisien d’expression française par une dizaine de titres. Le dernier, ‘‘Points de suspension » est paru il y a seulement cinq mois. Et il se promettait d’en écrire d’autres avant de tirer sa révérence, car il sentait sa santé décliner, mais il a gardé, jusqu’au dernier souffle de sa vie, cette volonté de vivre et cette foi inébranlable dans le pouvoir des mots, son unique richesse.
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