De nombreux citoyens qui s’estiment lésés par le système judiciaire en Tunisie et qui jouaient le rôle de lanceurs d’alertes et d’informateurs de la police, notamment sur des affaires de contrebande et de blanchiment d’argent, ont témoigné, documents à l’appui, lors d’une réunion organisée aujourd’hui, samedi 29 janvier 2022, par la Fondation Temimi pour la recherche et l’information scientifique et l’initiative Tunisiens pour une justice équitable, sous le thème «Témoignages de victimes de la corruption et du déni de justice dans le système judiciaire».
Chiheb Cherif, Raouf Sayadi et d’autres, se sont présentés comme des justiciables ayant témoigné dans des affaires ou ayant porté plainte contre des juges, affirment avoir été victimes de l’arbitraire du système judiciaire et sanctionnés par des juges solidaires avec leurs collègues.
De son côté, la présidente de l’initiative Tunisiens pour une justice équitable, Wafa Chedly, a appelé le président Kaïs Saïed à prendre un décret pour dissoudre le Conseil supérieur de la magistrature (CSM), estimant que cette instance est devenue un obstacle à toute réforme de l’appareil judiciaire.
Mme Chedly, avocate de son état, a également dénoncé l’infiltration de la justice par plusieurs partis politiques, affirmant que le citoyen se révolte aujourd’hui contre les injustices dont il fait l’objet de la part de la justice, qui refuse souvent d’entendre leur témoignage.
Henda Belhadj Ali, présidente de l’Association nationale des conseillers municipaux et membre fondateur de l’initiative Tunisiens pour une justice équitable, a estimé, de son côté, que l’état de la justice en Tunisie est humiliant pour le citoyen, et que le Tunisien souffre désormais d’une justice dépendante des lobbies d’intérêt et des partis politiques.
Mme Belhadj Ali a appelé le président Kaïs Saïed à interagir avec les témoignages présentés aujourd’hui par les victimes du système judiciaire afin de conjuguer les efforts pour réformer ce système, soulignant que ces témoignages seront traduits en langues étrangères et soumis, après vérification, aux instances internationales.
Pour sa part, le président de l’Institut tunisien des conseillers fiscaux, Lassaad Dhaouadi, a indiqué que le système judiciaire n’a pas les capacités matérielles et humaines pour remplir pleinement son rôle, dénonçant dans le même contexte l’absence de conditions pour un procès équitable en Tunisie.
M. Dhaouadi a aussi appelé le président Kaïs Saïed à préparer un plan cohérent de réforme du système judiciaire.
I. B.
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