Au moment où le président de la Fédération tunisienne des agences de voyage et du tourisme (Ftav), lance un appel à la tenue d’une conférence ou d’un un colloque sur la reprise du tourisme en Tunisie et la nécessité de reconsidérer la situation des entreprises touristiques, les opérateurs touristiques tunisiens continuent à brader des prix!
Par Habib Glenza *
Par ailleurs, Jaber Ben Attouch estime que la crise du tourisme en Tunisie est due à l’absence de «promotion» et au «manque de vision globale du secteur». Mais il ne dit rien sur le bradage des prix pratiqué par ses collègues, le diktat des tours opérateurs qui poussent les voyagistes et hôteliers à davantage de concessions, comme celui relatif à la généralisation de la formule du «all inclusive».
Le président de la Ftav estime que l’Etat tunisien est dans l’obligation de financer la promotion du tourisme tunisien, qui ne profite, en réalité, qu’aux TO et aux transporteurs aériens étrangers. Drôle de nationalisme de la part président de la Ftav.
Bradage des prix et le diktat des TO étrangers
Le bradage des prix continue à ronger le secteur tourisique tunisien; il a déjà ruiné plus de 250 hôtels, actuellement mis en vente, quelques banques de développement touristique à l’instar de la BNDT et de la BDET. En outre, il faut remettre en état certains hôtels devenus vétustes et remplacer le parc automobile des réceptifs. Que de frais à envisager dans la perspective d’une reprise du secteur pour des opérateurs déjà à genou !
Qui va payer la note: les hôteliers, les voyagistes ou l’Etat tunisien?
L’Etat n’a même pas les moyens aujourd’hui pour payer les salaires des fonctionnaires, couvrir les dettes de ses entreprises étatiques vitales qui risquent l’arrêt total de leurs activités, tels la Steg, la Sonede, l’Office des céréales, la Pharmacie centrale et Tunisair.
Le bradage des prix et le diktat des TO étrangers finiront par anéantir un secteur qui a coûté à la Tunisie une fortune, pour construire des hôtels, des autoroutes, des aéroports, des circuits touristiques, des terrains de golf, des centres d’animation, etc.
La politique dévastatrice des bas prix
Aujourd’hui, en Pologne, les prix d’un séjour dans un hôtel 4 et 5 étoiles en Tunisie, qui plus est, en all inclusive, varient de 1.650 zlotys (367 euros, soit 1 285 DT) à 2.000 zlotys (440 euros, soit 1 550 DT). Ces prix sont déjà affichés pour la mi-juin 2022 (fin de la moyenne saison)!
Si l’on déduit le montant du transport aérien et du transfert de l’aéroport à l’hôtel et vice versa, le prix de l’hébergement en all inclusive variera entre 514 DT (soit 73 DT par jour) et 620 DT (soit 88 DT par jour)!!
Morale de l’histoire, avant de demander l’aide de l’Etat, qui d’ailleurs n’a plus de moyens financiers pour s’aider lui-même, il convient d’organiser une conférence sur les moyens de mettre fin au bradage des prix et au diktat des TO étrangers. Ce serait sans doute plus utile à moyen terme pour le tourisme tunisien, qui roupille, ronronne et broie du noir.
* Conseiller à l’exportation agréé par le ministère du Commerce.
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