Lors de différents séjours au Danemark, on m’a souvent parlé du poète, Henrik Norbrandt, considéré comme une voix majeure de la poésie danoise et nordique. A côté bien sûr, de celles d’Inger Christensen, Uffe Harder, Klaus Rifbjerg, aujourd’hui, Pia Tafdrup, Niels Hav, etc.
J’ai eu, plus tard, le plaisir de rencontrer Henrik Norbrandt, à Istanbul, grâce à l’ami, poète, Ozdemir Ince. Il était évident que le poète danois cherchait d’autres lieux et sources d’inspiration que le Nord. «Le voyage devient son espace existentiel, le départ éternel, car toute arrivée ressemble à un départ. Voyage sans but, sans fin, une idéalité vide… Mais le vide est aussi positif car il est la condition nécessaire pour que quelque chose soit», dit de lui le critique et universitaire, Karl Poulsen.
Henrik Norbrandt est né en 1945. Sa poésie est couronnée de nombreux prix littéraires et distinctions. Traduction française : «Ponts des rêves», Ed. Circé, 2003.
Prof. Marie-Alice Seférian, qui enseignait la langue et la littérature française, à Copenhague et a beaucoup contribué à faire connaître les auteurs du Maghreb, m’a offert, en 1988, quelques poèmes qu’elle a traduits de Norbrandt. Ils sont restés inédits. Je suis heureux de les confier aux lecteurs de Kapitalis.
Tahar Bekri
Konya
A présent elle m’a comblé, O Djelaleddin,
La mer d’amour dont tu parles.
Sur trois rivages, elle a trouvé,
celle que j’appelle mienne,
Mon corps et j’étais elle, un et vide.
Agoraphilia
Tu es mon amour et mon désespoir.
Tu es ma folie et ma sagesse.
Et tu es tous les lieux où je n’ai pas été
et qui m’appellent des quatre coins de l’horizon.
Tu es ces six vers
Auxquels je dois me limiter pour ne pas crier.
Quand je regarde l’Ararat
Je sens la présence de Dieu.
Je sais
Qu’il me regarde
Et je m’imagine qu’il me dit :
A quel profit
Ai-je donc créé toute cette camelote
Tout ce foutu désordre
Mais je sais aussi
Qu’il y a des jours de printemps
Où Dieu descend dans un être humain
Regarde la montagne et dit :
Loué soit l’être humain
Et gloire à une terre comme celle-ci
Qui en même temps
Peut être toute violette et toute verte.
Le chien aboie
La caravane poursuit son chemin
Et le trou de l’aiguille
Que le chameau de la caravane a vaincu par ruse
Contemple les étoiles et pardonne tout.
Dans la main d’une femme
Qui s’est endormie sur son ouvrage
J’abandonne mes fils
Extraits d’Armenia (Gyldendal, 1982), traduits du danois par Marie-Alice Séferian.
Le poème du dimanche: ‘‘Chœur des orphelins’’ de Nelly Sachs
Le poème du dimanche: ‘‘La Maison Bleue’’ de Tomas Tranströmer
Le poème du dimanche: ‘‘Le chant du rivage’’ de Tor Obrestad
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