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Les parlementaires européens appellent à un «dialogue inclusif» en Tunisie

Les membres de la Commission des affaires étrangères du Parlement européen, en visite de travail à Tunis, appellent toutes les composantes de la scène politique en Tunisie à s’engager, en toute urgence, dans un «véritable dialogue inclusif» pour résoudre la crise politique et économique. L’appel est surtout adresse au président de la république Kaïs Saïed, qui parle de dialogue national dont il exclue un certain nombre de partis parmi les plus importants du pays, notamment le Parti destourien libre (PDL) et Ennahdha, les deux premiers dans tous les sondages d’opinion.

Lors d’une conférence de presse tenue mercredi 13 avril 2022, au siège de la délégation de l’Union européenne à Tunis, les eurodéputés ont souligné le besoin d’un processus politique global et structuré entre les représentants de autorités en place, les partis politiques et les composantes de la société civile en vue de surmonter, parallèlement, les difficultés politiques et économiques qui ont mis le pays et les Tunisiens à rude épreuve.

Insistance sur la participation des partis politiques

Cette insistance sur la nécessaire participation des partis politiques interpelle surtout M. Saïed, qui, dans les réformes politiques qu’il entend mettre en œuvre (notamment une nouvelle constitution et une nouvelle loi électorale) semble déterminé à les contourner, au prétexte qu’ils sont à l’origine de tous les maux du pays, accusant certains d’entre eux de haute trahison et d’allégeance à des parties étrangères.

Michael Gahler, président de la délégation et rapporteur permanent pour la Tunisie au sein de la commission des affaires étrangères, a recommandé, dans ce contexte, que le processus de réformes politiques, qui a commencé par la Consultation électronique, soit accompagné par un processus de relance économique.

L’Union européenne observe avec inquiétude la détérioration «brutale» de la situation économique et sociale en Tunisie, qui a été aggravée par les répercussions de la pandémie et la guerre de la Russie et l’Ukraine, a-t-il dit. «Nous sommes toujours prêts à apporter l’assistance technique et financière pour aider la Tunisie à réussir ces deux processus, a-t-il soutenu, assurant que l’UE continuera à suivre de près l’évolution du processus politique et la mise en œuvre des étapes de la feuille de route annoncée par le président Kaïs Saïed.»

Pour les réformes politiques, l’eurodéputé a fait part de la disposition du Parlement européen à participer à l’évaluation des options de la réforme électorale, tout en invitant, également, les autorités tunisiennes à s’inspirer des expertises de la Commission européenne pour la démocratie par le droit (Commission de Venise) en matière de réformes et acquis démocratiques, sachant que le président Kaïs Saïed avait reçu, le 1er avril courant, au Palais de Carthage, la présidente de cette Commission, Claire Bazy Malaurie.

Appui budgétaire et réformes démocratiques

S’agissant de l’appui financier de l’institution parlementaire européenne, le membre de la délégation Javier Nart a fait noter que «la conclusion d’accords d’appui budgétaire entre la Tunisie et l’UE exige la réalisation de véritables acquis démocratiques», laissant entendre qu’au regard des parlementaires européens, tout appui budgétaire à notre pays est tributaire de la reprise du processus démocratique avec le retour des instances constitutionnelles gelées ou dissoutes par les mesures exceptionnelles.

Pour sa part, le membre de la délégation, Andrea Cozzolino, a exhorté les Tunisiens à soutenir le processus politique de réforme et pousser vers la mise en œuvre de toutes les étapes de la feuille de route en vue, notamment le référendum sur les réformes politiques, le 25 juillet, et les législatives anticipées, le 17 décembre.

«Nous œuvrerons, dès notre retour à Bruxelles, à convaincre nos collègues parlementaires de continuer de soutenir la Tunisie dans cette phase critique et de pousser dans la meilleure direction les négociations entre le Fonds monétaire international et les autorités tunisiennes», a-t-il promis M. Cozzolino laissant entendre par là que nombre de ses collègues ont de sérieuses réserves sur la situation politique dans notre pays. Ce qui est de notoriété publique, même si les autorités officielles en Tunisie continuent de faire comme si ces réserves n’existent pas, tout en sollicitant l’appui financier d’une Union européenne, jusque-là compréhensive voire indulgente dans ses relations avec notre pays qu’elle n’aimerait pas voir sombrer dans l’instabilité, ce qui aurait de graves répercussions sur les flux migratoires vers le vieux continent à partir des côtes sud de la Méditerranée.

Au cours de leur visite en Tunisie, les membres de la délégation parlementaire européenne ont rencontré le président de la république, la cheffe du gouvernement, des représentants de partis politiques et d’organisations nationales, dont notamment l’Union générale tunisienne du travail (UGTT).

La délégation du Parlement européen qui a effectué une visite en Tunisie du 11 au 13 avril comprend Michael Gahler (Parti Populaire Européen/Allemagne), chef de la délégation et rapporteur permanent pour la Tunisie au sein de la commission des affaires étrangères, Javier Nart (Renew Europe, Espagne), Jakop Dalunde (Verts/ALE, Suède) et Andrea Cozzolino (Alliance progressiste des socialistes et démocrates, Italie), président de la délégation du Parlement européen pour les relations avec les pays du Maghreb.

I. B.

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Déclaration de la commission des affaires étrangères du Parlement européen, à la suite de sa visite en Tunisie

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