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Le poème du dimanche : «Âges de vie» de Friedrich Hölderlin

Né en 1770, dans une famille protestante, Friedrich Hölderlin est un grand poète romantique et lyrique allemand. Il a suivi des études de théologie qui ne l’ont pas empêché de s’intéresser à la poésie, la littérature, la philosophie et les langues anciennes.

Lors de différents déplacements, voyages et parcours de sa vie, il rencontre et se lie d’amitié avec les grands esprits de son pays : Schelling, Hegel, Goethe, Schiller, Novalis, etc. Pour vivre, il devient précepteur chez un banquier, à Francfort et a une liaison amoureuse passionnée et désespérée avec son épouse, Suzette Gontard (Diotima) qui deviendra la source de son inspiration. A la mort de cette dernière, il tombe dans une mélancolie profonde. On parle aussi de folie. Il est enfermé dans une clinique puis hébergé par un menuisier chez qui il vivra 36 ans, retiré, tout en écrivant. Il sera ensuite pris en charge par sa fille et meurt en 1843.

Tahar Bekri

Âges de vie

Vous, cités de l’Euphrate !

Et vous, rues de Palmyre !

Vous piliers en forêts sur l’étendue des déserts ;

Oh ! Qu’êtes-vous ?

Elles vous ont été arrachées, vos couronnes,

Pour être allés, vous, au-delà

Des frontières de qui respire,

Par les nuées et par le feu

Des célestes jetées à bas.

Mais maintenant je suis assis sous les nuages

(Riches chacun de son corps), parmi

Les chênes en belle ordonnance,

Sur la varenne du chevreuil, et ils me sont

Etrangers et morts, les esprits

Bienheureux.

Murs, oui, trempés au feu

Mûrs, oui, trempés au feu, et cuits,

Et sur terre éprouvés sont les fruits ; et il est une loi

Que tout aille en dedans, ainsi que les serpents,

Prophétique, rêvant

Sur les collines du ciel. Et tant de choses

Sont comme sur les épaules

Un faix de bois

A porter. Mais les chemins

Sont mauvais. C’est que vont de travers

Tels des chevaux de sang, les éléments

Prisonniers et les lois

Antiques de la terre. Et toujours vers l’inentravé

S’évade une nostalgie. Mais tant de choses

A porter ! Et nécessaire, la Fidélité.

En arrière, pourtant, et en avant nous ne voulons

Point voir. Mais nous laisser bercer

Comme sur une barque dansante de la mer.

Hymnes, élégies et autres poèmes, traduit de l’allemand par Armel Guerne.

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