A l’issue du conseil national convoqué en urgence, suite à la révocation de 57 juges par le président Saïed, l’Association des magistrats tunisiens (AMT) a voté, ce vendredi 4 juin 2022, pour une grève, qui sera observée pendant une semaine, à partir de lundi prochain.
L’AMT, qui s’est réunie avec des représentants du Syndicat des magistrats tunisiens (SMT), l’Association des jeunes magistrats (AJM), l’Union des magistrats administratifs et l’Association des magistrates tunisiennes, indique que l’ensemble des institutions judiciaires sont concernées par ce mouvement social, dont la durée pourraient être prolongée, sachant que les services d’urgences seront maintenus au sein des tribunaux, notamment en ce qui concerne les autorisations d’inhumation et les affaires de terrorismes hautement importantes.
D’autre part, des sit-in ouverts seront également organisés dans les différentes structures syndicales, annonce encore l’AMT, en précisant que le conseil a aussi voté en faveur du boycott des candidatures visant à remplacer les juges révoqués, ou encore celles liées aux fonctions dans des commissions relevant de l’Instance supérieure indépendante pour les élections (Isie).
Tout en remerciant ceux qui se son mobilisés pour les droits des juges, l’AMT a réaffirmé son oppositions à la révocations des juges, en affirmant que cette décision n’a aucun lien avec la lutte contre la corruption, mais qu’il s’agit «d’une liquidation d’un certain nombre de juges qui ont tenu à appliquer la loi en toute impartialité, et qui ont refusé de se soumettre aux pressions du président de la république».
Rappelons que lors du conseil organisé ce matin par l’AMT, plusieurs juges ont témoigné en affirmant avoir été visés suite à leurs positions et pour avoir défendu l’indépendance du pouvoir judiciaire, ont-ils dit, tout en tirant à boulets rouges sur le président de la république.
De son côté, l’ancien président du Conseil supérieur de la magistrature, Youssef Bouzakher, a affirmé que des recours contre les révocations seront déposés «à l’intérieur et/ou à l’extérieur du pays».
Rappelons qu’en date du 1er juin, le président Saïed, qui a dénoncé le laxisme de certains juges à prendre des décisions contre leurs collègues, a décidé par décret présidentiel, la révocation de 57 juges, liés à des affaires de corruption, de contrebande ou encore d’autres liées à des dossiers de terrorisme, de mœurs et de trafic de drogue, entre autres abus énumérés par le chef de l’Etat, lors d’un conseil des ministres organisé, peu de temps avant la publication du décret dans le Jort.
Y. N.
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