Les freins imposés par l’UGTT au développement de l’énergie verte en Tunisie

Les énergies vertes, c’est plus de pouvoir d’achat pour les ménages, plus de devises pour l’Etat et un grand gisement pour les emplois. Mais en s’opposant aux projets privés dans ce secteur, l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) empêche la Tunisie de développer sa production d’énergie renouvelable qui demeure trop faible, alors que le déficit de la balance énergétique du pays continue de se creuser, atteignant près de 50%.

Le programme national pour le développement des énergies renouvelables, décliné tout récemment par Neila Nouira Gongi, ministre de l’Industrie, de l’Énergie et des Mines, vise

un taux d’intégration de 35% d’ici 2030. Pour y parvenir,  500 mégawatts doivent être réalisés chaque année sur les 8 prochaines années, avec un investissement de plus d’un milliard de dinars par an. On est cependant encore loin, très loin de cet objectif.  

Le programme gouvernemental, certes ambitieux, pourra-t-il être réalisé dans le respect du planning établi? C’est la grande question qui se pose aujourd’hui et qui a interpellé la Conect qui s’est exprimée sur la question dans une conférence de presse organisée mercredi 22 juin 2022. 

La Tunisie importe 48% de ses besoins énergétiques

«Nous n’avons presque pas avancé par rapport aux prévisions du plan solaire pour 2030, lancé en 2015. Nous aurions dû réaliser 50% ou 60% des objectifs fixés au démarrage du plan pour atteindre les 3800 mégas en 2030, ce qui équivaut à 1700 mégas. Il n’en est rien à ce jour. La capacité de production du pays n’a pas dépassé les 3,7%. Nous appelons le gouvernement à activer la réalisation du plan solaire et à respecter ses engagements avec les investisseurs nationaux et internationaux qui ont foi dans le potentiel de la Tunisie en matière de ER et qui lui ont fait confiance», a déclaré Abdellatif Hamouda, président du groupement des producteurs des énergies renouvelables à l’organisation patronale.

Pour rappel, la Tunisie importait, en 2010, 10% de ses besoins énergétiques, aujourd’hui, elle en importe 48% dans un contexte mondial extrêmement difficile et un contexte national marqué par une crise budgétaire aigue et un déficit énergétique structurel.

La crise entre la Russie et l’Ukraine a entraîné une hausse des prix du baril de pétrole annexé à celui du gaz qui balance entre 110 et 120 $ le baril. La loi des finances 2022 a prévu le prix de 75 $ le baril, une augmentation de 1 $ du prix du baril entraîne une augmentation des dépenses de subventions de 140 millions $/jour et une augmentation de 10 millimes du taux de change du $ entraîne une augmentation de 40 millions de dinars tunisiens (MDT) des dépenses citées.

Perte de confiance des investisseurs étrangers dans le site Tunisie

C’est dire l’importance d’un développement réel des énergies renouvelables pour la relance des investissements, le rétablissement des équilibres financiers de l’Etat et la lutte contre la précarité énergétique des ménages vulnérables par la faiblesse de leurs revenus.  

Depuis la promulgation de la loi N°2015-12 et l’adoption du Plan solaire tunisien (PST), 5 appels à projets ont été lancés et 67 projets retenus par le ministère chargé de l’Énergie. À ce jour, un seul d’entre eux a été raccordé réseau, en raison des freins constitués par les syndicats. Comment dans ce cas atteindre les objectifs visés par le PST? 

Le blocage du raccordement des centrales de production des énergies photovoltaïques fait perdre à la Tunisie près de 2 500 MDT d’investissements non réalisés, pour l’essentiel des entrées en devises pour l’État, 400 MDT de manque à gagner annuel pour l’Etat, rien qu’en comptant l’économie de combustible et une perte de confiance des investisseurs étrangers dans le site Tunisie.

A ce jour, nombreuses ont été les réunions organisées avec le ministère de l’Industrie, de l’Énergie et des mines, la Société tunisienne d’électricité et de gaz (Steg) et l’UGTT, sans parvenir à un accord définitif concernant le raccordement des centrales photovoltaïques au réseau Steg. Les investisseurs qui ont cru en la pertinence et l’utilité de leurs projets perdent confiance, leurs fonds et risquent la faillite.

La Conect appelle les pouvoirs publics à respecter leurs engagements envers les investisseurs et les syndicats Steg à reconsidérer leurs postures de refus au vu de l’intérêt que représente le secteur des énergies renouvelables pour nos concitoyens et l’Etat.

Les énergies vertes, c’est plus de pouvoir d’achat pour les ménages, plus de devises pour l’Etat et un grand gisement pour les emplois.

Communiqué.

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