Tunisie : Ennahdha, dans le collimateur du pouvoir, se défend

Depuis le limogeage du gouvernement Mechichi, la dissolution de l’Assemblée, qu’il contrôlait, et sa mise à l’écart définitivement du pouvoir, le mouvement islamiste Ennahdha est sur la défensive, en voyant l’étau se resserrer sur ses dirigeants, à commencer par son président Rached Ghannouchi, qui ont maille à partir avec la justice.

C’est dans ce cadre qu’est née la nouvelle affaire Hamadi Jebali, l’ancien chef de gouvernement provisoire entre janvier 2012 et février 2013.

Le porte-parole du mouvement Ennahdha, Imed Khemiri, a qualifié de «mise en scène»  la conférence de presse tenue vendredi 24 juin 2022 par le ministère de l’Intérieur au cours de laquelle ont été «révélées» des informations sur des menaces contre le président de la république Kaïs Saïed. Menaces sur lesquelles les autorités sécuritaires ont du reste donné peu de précisions.  

S’exprimant lors d’une conférence de presse vendredi à Tunis, Imed Khemiri a souligné la solidarité du mouvement avec l’un de ses anciens dirigeants, Hamadi Jebali, arrêté il y a deux jours dans le cadre d’une enquête sur des faits à caractère terroriste. M. Khemiri a qualifié cette arrestation de «tentative de harcèlement».

«Le pouvoir s’efforce d’exclure les acteurs politiques de poids et de faire taire la voix de l’opposition», a déploré le porte-parole d’Ennahdha, ajoutant que «cette affaire aura la même issue que celle de Noureddine Bhiri : elle sera classée sans suite faute de preuves».

L’ancien ministre de la Justice, rappelons-le, avait été mis en résidence surveillée durant plus d’un mois, dans le cadre d’une enquête sur la corruption, avant d’être libéré sans qu’une suite judiciaire n’ait été donnée à l’affaire. Et la crédibilité du pouvoir en prit un sacré coup.

M. Khemiri a également condamné toute tentative d’atteinte aux institutions de l’État, ajoutant que le mouvement islamiste tunisien revendique le droit de connaître toutes les parties impliquées dans la menace visant le président de la république, laissant indirectement penser qu’Ennahdha n’y est pas impliqué. C’est donc au pouvoir en place de prouver le contraire.

I. B.

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