Face à l’ampleur des chantiers à engager pour redresser l’économie et relancer l’investissement, «le plus grand challenge qui se présente aujourd’hui à la Tunisie c’est celui de l’exécution des réformes identifiées», a déclaré, vendredi 24 juin 2022, le ministre de l’Economie et de la Planification, Samir Saïed.
Saïed, qui intervenait à un panel sur «La relance de l’investissement» organisé dans le cadre du Forum de l’investissement (Tunisia lnvestment Forum-TIF), a ajouté : «Nous sommes condamnés à mener plusieurs réformes en parallèle et à le faire autrement. En Tunisie, nous avions la manie de promulguer un texte à chaque fois où un problème se présente. Ces textes se sont accumulés formant un labyrinthe que nous devons aujourd’hui résoudre et simplifier. Nous devons inventer une manière autre que l’émission de textes pour accélérer la prise de décision».
Simplifier les textes et les appliquer
Le ministre a rappelé que 223 pistes de réforme ont été identifiées dans le cadre d’un dialogue public-privé récemment tenu sur les meilleurs moyens d’accélérer l’investissement. Parmi ces réformes, une liste de 43 mesures d’urgence économique a été arrêtée et leur entrée en exécution est prévue pour le 1er juillet 2022.
Parmi ces mesures le ministre a cité la suppression de 25 autorisations d’investissement, l’amélioration des services du port de Radès, la réforme de la réglementation de change, la mobilisation de lignes de financement pour les PME, l’adoption de nouveaux pactes de compétitivité sectoriels , la prise en charge par l’Etat de 50% des primes d’assurance à l’export vers l’Afrique.
S’agissant de la réglementation de change, il a fait savoir qu’un premier draft du nouveau code sera prêt au cours du mois de juillet et examiné par les parties prenantes, et notamment la Banque centrale de Tunisie (BCT).
Le ministre a, en outre, mis l’accent sur l’impératif de faciliter le quotidien de l’investisseur en accordant l’appui nécessaire aux entreprises sinistrées par le Covid-19 mais aussi en digitalisant les services et l’administration et en accordant l’accompagnement adéquat aux investisseurs.
M. Saïed a par ailleurs souligné la nécessité d’accélérer les transitions énergétique et environnementale pour placer le pays sur la voie d’un développement durable.
Déplorant le fait que le pourcentage de l’investissement extérieur est passé de 2,2% du PIB en 2017 à 1,3% actuellement, le ministre a indiqué que certaines prémices de reprise ont été constatées durant les 5 derniers mois mais qui restent insuffisantes. «Pour une véritable relance de l’investissement aussi bien local qu’étranger, il faut oser aller au-delà du strict nécessaire et de s’inscrire dans l’action», a-t-il conclu.
L’urgence d’agir, et vite
Adhérant à cette idée d’action, le vice-président du Groupe de la Banque mondiale pour la région Mena, Ferid Belhaj a souligné l’urgence pour la Tunisie d’agir vite et fort face à une concurrence acharnée à l’échelle régionale et internationale.
«L’atermoiement tue la confiance et l’absence de réactivité repousse les investisseurs», a-t-il estimé, soulignant que pour relancer l’investissement, le pays doit agir sur la gouvernance en favorisant la prévisibilité des écosystèmes et la clarté des règles du jeu.
Le responsable de la BM a considéré que dans une logique de promotion de l’investissement l’Etat doit jouer son rôle de régulateur et de facilitateur plutôt que celui d’entrepreneur.
Les investisseurs ont également besoin, selon M. Belhaj, d’une justice commerciale professionnelle et transparente qui gère efficacement les contentieux économiques.
Toujours selon lui «une relance de l’investissement et de l’économie requiert d’agir sur deux vitesses, celle du court terme qui nécessite une grande capacité à agir rapidement pour générer le choc nécessaire à une reprise économique, et celle des moyen et long termes qui concernerait plutôt les fondamentaux de l’économie tels que le capital humain, l’éducation, la formation, la santé, la protection sociale».
D’après Tap.
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