Tunisie : une campagne référendaire modeste et mitigée

Le président de l’Association tunisienne pour l’intégrité et la démocratie des élections (Atide), Bassem Maatar, a noté que la première semaine de la campagne référendaire a été «modeste et mitigée» mais marquée par quelques violations et infractions.

Dans une déclaration à TAP mardi 12 juillet 2022, Maatar a déclaré que certaines irrégularités et violations ont été commises en raison du «manque d’expérience de certains participants» dans l’action électorale.

Les activités les plus courantes auxquelles recourent les participants sont «l’organisation d’un petit nombre de réunions souvent tenues dans des cafés ou des espaces privés», a déclaré le président de l’Atide, ajoutant que «les affiches dédiées au référendum sont peu nombreuses et quasi absentes dans plusieurs régions du pays».

Discours de haine et tensions larvées

Dressant un tableau des violations et infractions constatées au cours de la période écoulée, le président de l’Atide a cité en exemple l’utilisation des participants à la campagne électorale du drapeau national dans leurs banderoles, ce qui constitue, selon lui, une «violation électorale manifeste», qui nécessite l’intervention de l’autorité électorale, laquelle, rappelons-le, est occupée à gérer ses querelles internes.

Le président de l’Atide a également fait état d’une mobilisation remarquable via les réseaux sociaux des partis (sans les nommer) non impliqués officiellement dans la campagne électorale, c’est-à-dire non-inscrits en tant que tels auprès de l’autorité électorale. Ces partis, a-t-il révélé, sont déterminés à «diffuser des discours de haine et de violence et à attaquer les opposants politiques», dans une limpide allusion à ceux qui se présentent comme des partisans du président Kaïs Saïed qui font régner dans cette campagne un climat de tension et de haine larvée, que le chef d’Etat ne cesse d’alimenter par ses allégations complotistes.

Manque de neutralité de l’administration

Revenant sur l’exposé des motifs de la Présidence de la République rendu le 5 juillet puis publié par l’autorité électorale mais dont la «régularité» a été fortement contestée, le président de l’Atide a tenu à rappeler «les fondamentaux en matière électorale», concernant la neutralité de l’administration et des dirigeants politiques, y compris le président de la République pendant la campagne électorale.

Il a également saisi l’occasion pour revenir sur les déclarations du ministre de la Jeunesse et des Sports dans lesquelles il exhorte les Tunisiens à participer massivement au référendum et à voter pour la nouvelle constitution, estimant que cette réaction «n’est rien d’autre qu’une ingérence flagrante dans la conduite du processus référendaire», appelant l’autorité électorale à «mettre fin à ce type d’infractions».

La Tunisie est entrée dans la deuxième semaine de la campagne électorale consacrée au référendum, qui se poursuit jusqu’au 23 juillet, avant que les citoyens ne se rendent aux urnes, deux jours plus tard, pour voter oui ou non sur le nouveau projet de constitution proposé par le président Saïed et publié au Journal officiel, le 30 juin dernier.

I. B. (avec Tap).

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