Et si le populisme, élevé en méthode de gouvernement par le président Kaïs Saïed, était une forme de corruption, puisqu’en cherchant à plaire aux électeurs, on sacrifie des pans entiers de l’économie ? C’est la question que se pose l’auteur dans le poste Facebook reproduit ci-dessous. (Illustration : le nord-ouest tunisien, zone de passage des trafics de cheptel, de céréales et autres entre la Tunisie et l’Algérie).
Par Ridha Ghariani *
Je découvre aujourd’hui qu’il y a un grand trafic d’exportation illégale de blé vers l’Algérie au nord-ouest de la Tunisie et ce malgré la dernière hausse annoncée des prix du blé à la production. Ce trafic résulterait d’un prix de vente plus attractif en Algérie.
Ce phénomène vient aggraver celui du désormais traditionnel écoulement clandestin du cheptel bovin à cause d’une grande disparité entre les coûts de production et le prix de vente du lait.
Compte tenu des hausses successives des prix des aliments pour bétail, les professionnels estiment un coût de production du lait avoisinant 1,8 dinar par litre alors que le prix de vente est plafonné à 1,3 dinar. Résultat : les éleveurs préfèrent se débarrasser de leurs bêtes plutôt que de subir des grandes pertes lors de la vente du lait.
La Tunisie devra faire face dans un avenir très proche à des pénuries de lait surtout en période de basse lactation et sera donc dans l’obligation d’en importer.
Considérant un prix du litre de lait à la production en Europe autour de 0,5€ soit 1,65 dinar (le prix de vente public en France est autour de 1,3€), une importation du lait reviendrait à subventionner les producteurs européens au détriment de l’éleveur tunisien.
Les hausses du prix du lait, revendiquées depuis longtemps par les éleveurs Tunisiens (dont une annoncée solennellement à la télévision par le ministre de l’Agriculture en mai 2022), n’ont pas été appliquées parce qu’elles sont impopulaires **.
Nos décideurs politiques et nos gouvernants préfèrent donc sacrifier un pan entier de notre agriculture et de notre économie plutôt que de risquer de perdre une partie de leurs électeurs.
Peut-on appeler ça du «fassad» (corruption) ?
* Homme d’affaires.
** C’est à croire que les membres du gouvernement n’ont pas les coudées franches pour mettre en œuvre les solutions que leurs services préconisent et qu’ils doivent se contenter de porter le chapeau des décisions impopulaires et de se faire sermonner publiquement par le chef de l’Etat, le seul qui, dans le pays, du moins sur le plan de la propagande officielle, se soucie des «zaoualis» (pauvres) !
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