En déposant un recours contre la décision de l’Instance supérieure indépendante pour les élections (Isie) sur les modalités et conditions de candidature aux élections législatives du 17 décembre afin d’en suspendre l’exécution, l’organisation I Watch espère-t-elle sérieusement voir le Tribunal administratif rendre sa décision dans les délais légaux ?
Par Imed Bahri
La réponse est contenue dans la question, comme l’ont sans doute compris les lecteurs.
Mais d’abord, qu’est-ce qui nous vaut l’inquiétude de I Watch, organisation qui se spécialise dans la surveillance de la transparence des élections, quant au processus d’organisation des prochaines législatives où tout est conçu pour écarter les partis politiques de la compétition, éparpiller les voix des électeurs et donner lieu à une assemblée faible et sans prérogatives, au profit d’un hyper-président qui tient tous les leviers du pouvoir dans le pays, y compris le législatif ?
I Watch a indiqué dans un communiqué publié vendredi 7 octobre 2022 que la décision qui fait l’objet du recours est entachée de plusieurs irrégularités relatives, pour l’essentiel, à la loi n° 103 du 1er août 1994 portant organisation des législatives, relative à la signature et à l’attestation de conformité des copies à l’original.
Dans le même contexte, l’organisation a ajouté que le recours a également été déposé pour contester la violation du principe d’égalité des chances entre les candidats concernant l’attestation fiscale qui est demandée aux candidats dans les circonscriptions électorales à l’étranger.
Ces questions de détails nous semblent superflues face aux graves atteintes aux normes internationalement admis d’une élection pluraliste et démocratique que le président Kaïs Saïed et l’Isie aux ordres dont il a désigné lui-même tous les membres sont en train de commettre au grand jour, en faisant fi de toutes les critiques exprimées par la société civile : partis, organisations, experts du droit, médias…
En ce qui concerne le Tribunal administratif, dont la crédibilité présumée nous semble tout de même très exagérée, rappelons qu’elle n’a rendu jusque-là aucun verdict contre les décisions de la présidence de la république dans les nombreux recours déposés contre elle ces deux dernières années. Sauf un seul : celui relatif à la révocation de 57 magistrats ! Et on ose parler encore de crédibilité ! Les mots carriérisme et corporatisme auraient mieux convenu. Et la justice pourra toujours attendre…
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