La Tunisie a besoin d’une croissance de 5 à 7% par an sur une dizaine d’années pour espérer relancer son économie et créer des emplois aux 750 000 chômeurs qu’elle compte. Or, depuis 2011, sa croissance reste en-deçà de 3%, le taux des meilleures années. Faut-il s’étonner qu’elle soit aujourd’hui surendettée et au bord de la banqueroute financière ?
Cette situation risque malheureusement de perdurer encore plusieurs années, eu égard l’impuissance du gouvernement à sortir le pays de la crise et la généralisation de la crise au niveau mondial suite à la crise de la Covid-19 et de la guerre russo-ukrainienne.
Pour ne rien arranger, le rapport du Fonds monétaire international (FMI) sur les perspectives de l’économie mondiale, rendu public mardi 11 octobre 2022, prévoir pour la Tunisie une croissance de 2,2% en 2022 et, pis encore, de 1,6% en 2023. Encore faut-il que notre pays obtienne le nouveau prêt qu’il sollicite auprès de cette instance financière internationale pour espérer se relancer. Or, les négociations se poursuivent encore cette semaine à Washington, et si les perspectives d’accord sont bonnes, ses conditions risquent d’être trop contraignantes en termes de réformes structurelles très douloureuses.
D’ailleurs, dans son dernier rapport, le FMI a expliqué que les perspectives économiques de la Tunisie n’ont pas été dévoilées, durant la période écoulée, en raison des discussions techniques toujours en cours avec les autorités tunisiennes, autour d’un nouvel accord de financement.
Rappelons à ce propos qu’une délégation tunisienne de haut niveau conduite par la ministre des Finances, Sihem Nemsia, le gouverneur de la Banque centrale de Tunisie (BCT) , Marouane Abassi, et le ministre de l’Economie et de la Planification, Samir Saïed est depuis samedi dernier à Washington pour prendre part aux assemblées annuelles 2022 du FMI et du Groupe de la Banque mondiale qui se tiennent du 10 au 16 octobre courant.
Ces assemblées devraient offrir l’occasion aux responsables tunisiens de poursuivre les discussions avec le FMI autour d’un nouvel accord de financement, sachant que le prêt négocié avec le Fonds devrait être compris entre 2 et 4 milliards de dollars (entre environ 6,5 milliards et 13 milliards de dinars) sur une période de 3 ans, selon Abassi.
La directrice générale du Fonds, Kristalina Georgieva avait indiqué, dans une interview accordée à Reuters, que le Fonds est à un stade de discussion très avancé avec la Tunisie, soulignant qu’un accord pourrait être signé bientôt au niveau des experts, dans les prochains jours ou semaines.
«Nous examinons des programmes importants. Leur dimension exacte est toujours déterminée par des négociations et finalisée avec les autorités», avait-elle ajouté.
Pour l’agence de notation financière Moody’s, la signature de l’accord entre le gouvernement et l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), concernant les augmentations salariales dans la fonction publique et le secteur public ainsi que l’augmentation du Smig, est une «étape clé» vers la conclusion d’un nouvel accord de financement avec le fonds qui a toujours plaidé en faveur d’un large consensus impliquant les partenaires sociaux autour des réformes à engager.
L’agence de notation Fitch Ratings a également estimé que cet accord devrait renforcer la probabilité de signature d’un accord avec le FMI.
La signature de cet accord sur l’augmentation salariale dans le secteur public, une revendication au cœur d’une grève ayant paralysé en juin 2022 la Tunisie, «supprime un obstacle majeur à un programme de prêt du FMI», avait relevé Fitch Ratings.
I. B. (avec Tap).
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