Politique : démonstration de force du Front du salut à Tunis  

Même s’ils ont encore du mal à convaincre un grand nombre de Tunisiens de la crédibilité de leur initiative, les membres Front du salut national (FNS) ont montré, lors de leur marche de protestation d’hier, samedi 15 octobre 2022, au centre-ville de Tunis, une grande capacité de mobilisation populaire.

Constitué en majorité de militants des mouvements Ennahdha, Qalb Tounes et Al-Karama, associés à des personnalités politiques indépendantes comme Ahmed Nejib Chebbi et Jaouher Ben Mbarek, qui ont participé à divers gouvernements depuis 2011 et son donc grandement responsables de la détérioration de la situation actuelle en Tunisie, le FNS semble justifier, par sa composition même, aux yeux de beaucoup de Tunisiens, toutes les dérives autoritaires du président Kaïs Saïed. Mais cela ne semble pas l’empêcher de mobiliser des foules pour dénoncer cette dérive.

Des citoyens de différentes régions du pays ont en effet participé à cette marche organisée pour dénoncer la «politique de l’Etat» qui a conduit à «la détérioration de la situation économique et sociale depuis l’annonce de mesures exceptionnelles, le 25 juillet 2021». Ils ont également dénoncé un «traitement négatif» par l’Etat du dossier de la migration irrégulière, appelant à «renverser le régime du putsch» et à la démission du président Kaïs Saïed qualifié de «putschiste».

La marche est partie de l’avenue Habib Thameur, à Tunis, en direction du théâtre municipal de l’avenue Habib Bourguiba et les participants ont scandé des slogans hostiles au président Saïed et dénonçant les décrets présidentiels pris depuis l’annonce des mesures exceptionnelles. Ils ont dénoncé le pouvoir personnel du chef de l’Etat et ses décisions qui, selon eux, ont «aggravé» la situation économique et sociale du pays et poussé les Tunisiens à «se jeter à la mer pour chercher un avenir meilleur».

Les manifestants ont également condamné le traitement par le gouvernement de la «tragédie de Zarzis», après la noyade de migrants tunisiens en situation irrégulière, dont plusieurs femmes et enfants.

Il faut dire que le bilan catastrophique des trois ans de pouvoir de Kaïs Saïed est en train de donner du grain à moudre à ses opposants, qui ne se contentent pas seulement de boycotter toutes ses initiatives politiques, mais se donnent aussi pour mission de le faire tomber avant la fin de son mandat en 2024.

I. B.   

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