Le mouvement Echaab (nationaliste arabe) s’est embarqué sans filet dans l’aventure des législatives anticipées du 17 décembre prochain, qui sont boycottées par la plupart des partis en Tunisie, car ce sera une occasion en or pour lui de constituer le plus important bloc parlementaire danse assemblée hétéroclite et éclatée. Il commence, cependant, à avoir des états d’âme.
Ce qu’Echaab craint le plus c’est que ces élections seront boycottées par les Tunisiens qui ont la tête ailleurs (pénuries de produits alimentaires et de médicaments, dégradation des services publics, effritement du pouvoir d’achat…) et, par conséquent, n’auront pas la crédibilité et la légitimité requises.
Aussi le mouvement a-t-il mis en garde, dans un communiqué publié vendredi 11 novembre, contre «l’abstention des Tunisiens aux prochaines élections législatives en raison des tensions sociales dans le pays».
Le mouvement a, à cet égard, appelé le pouvoir à prendre des mesures urgentes pour aider le processus du 25 juillet à retrouver l’adhésion populaire et à organiser des élections «libres et crédibles», dénonçant les dépassements enregistrés lors de la phase de dépôt des candidatures.
Le parti a aussi critiqué la réaction du gouvernement face à la crise économique et sociale qui secoue le pays, soulignant qu’il «est resté inactif face à la flambée des prix et à la pénurie de produits de base et de médicaments».
«En réponse à cette crise, le gouvernement a brandi le spectre de la suppression des subventions sur les carburants et les matières premières et de la vente de plusieurs entreprises publiques, conformément aux diktats du Fonds monétaire international (FMI)», a-t-il aussi déploré.
«Les engagements du gouvernement actuel envers le FMI conduiront à des soulèvements populaires violents qui pourraient menacer la stabilité du pays et les institutions de l’Etat», a aussi averti Echaab, en appelant le président de la république à prendre des mesures pour mettre fin aux «dépassements» de certains ministres et élus locaux, selon les termes du communiqué, qui trahit la mauvaise foi d’Echaab.
En effet, Echaab sait très bien que le pouvoir en Tunisie est totalement incarné aujourd’hui par le président de la république et que le gouvernement présidé par Najla Bouden est une assemblée de commis de l’Etat qui ne décident rien et attendent toujours les instructions du palais de Carthage. Aussi sa manière de tirer à boulets rouges sur le gouvernement et de ménager le chef de l’Etat manque-t-elle de crédibilité et traduit-elle un opportunisme qui déshonore ses dirigeants.
I. B.
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