Une analyse des vulnérabilités dans les importations tunisiennes a permis d’identifier 361 produits «sensibles» sur environ 5000 importés, soit près de 24,3% de la valeur totale des importations en 2021. Vidéo.
C’est ce qui ressort d’une étude intitulée «Cartographie des dépendances stratégiques de la Tunisie» rendue publique par l’Institut arabe des chefs d’entreprises (IACE), lors de la 36e édition des Journées de l’entreprise tenues du 8 au 10 décembre 2022.
Selon l’étude, les produits sensibles sont définis comme étant ceux dont les sources d’importation sont concentrées sur un nombre réduit de pays. Outre les machines, les appareils électriques, mécaniques et ferroviaires, ces produits concernent, également, les intrants de l’industrie textile, mais aussi des produits de l’industrie pétrochimique, de l’agroalimentaire et du secteur du transport et de l’automobile.
La cartographie des dépendances vise à identifier les listes de produits les plus dépendants des importations, dont les produits «sensibles» et «critiques». Ainsi, il a été procédé à l’analyse d’environ 5 000 catégories de produits sur une période de 20 ans et couvrant des données d’importation de 197 pays.
Pour ce qui est des produits critiques, ils sont représentés comme étant des produits sensibles à forte centralité, correspondant à la dépendance de l’offre mondiale d’un produit à un nombre limité de pays fournisseurs.
A cet égard, l’étude a permis d’identifier 26 produits critiques sur les 361 produits sensibles. Ils concernent, notamment, les produits du secteur de l’industrie pétrochimique (gaz naturel, polypropylène) et du secteur du transport, qui représentent 9,1% de la valeur des importations tunisiennes.
50% des importations provenant de 5 pays
D’après la même source, les importations de la Tunisie sont fortement concentrées sur 5 pays qui représentent en moyenne plus de 50% des biens importés.
Parmi ces pays figurent la Chine comme le principal pays fournisseur source de dépendance critique, notamment pour les machines, les appareils électriques et les engins, suivie par la France et l’Italie, lesquels sont des «partenaires commerciaux historiques» de la Tunisie.
La Turquie se positionne, quant à elle, en 4e position des pays sources de vulnérabilités avec 2 produits sur les 26 identifiés.
Pour lutter contre la dépendance de la Tunisie, l’expert et universitaire Abdelkader Boudrigua, qui a participé à l’élaboration de cette étude, a suggéré la diversification des sources d’approvisionnement et d’importation de manière à éviter de se concentrer sur un nombre limité des pays en vue de garantir l’efficacité économique et réduire le coût. Il a également, proposé d’accentuer la réflexion sur les industries et les technologies alternatives et de miser sur les énergies alternatives.
Les dangers de la dépendance économique
L’expert économique a souligné l’impératif de mettre en place des stratégies pour alléger les dangers à moyen terme, en vue d’éviter des destructions plausibles dans la chaîne des valeurs, faisant remarquer qu’il est important à long terme de mesurer les dangers avant de gérer toute question.
A cet égard, Boudrigua a recommandé d’utiliser les indicateurs contenus dans cette étude en vue de prévoir des scénarios économiques qui prennent en considération le danger provenant de la dépendance économique.
Ceci ne veut pas dire que la Tunisie se retire de sa stratégie d’ouverture et d’adhésion aux chaînes de valeur mondiales car c’est une question obligatoire, mais il faut, dans le cadre de cette politique d’ouverture, de mondialisation et d’adhésion aux chaînes de valeurs internationales, réfléchir aux dangers découlant de la dépendance économique en Tunisie, laquelle est importante (10%) par rapport à celle des pays de l’Europe, ou elle ne dépasse pas 1%.
Ce sujet et d’autant plus important que la guerre russo-ukrainienne a mis en exergue la notion de souveraineté économique et de sécurité alimentaire, a conclu l’économiste.
D’après Tap.
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