Le professeur de droit public, Sghaïer Zakraoui, appelle à un dialogue national classique dans lequel le président de la république Kaïs Saïed siège avec ses adversaires et ceux qui ne sont pas d’accord avec lui. C’est le seul moyen pour sortir la Tunisie de la crise multiforme qu’elle traverse depuis la proclamation de l’état d’exception, le 25 juillet 2021, estime-t-il.
L’invité de la Matinale de Shems FM, ce lundi 9 janvier 2023, a déclaré qu’il faut oublier le dialogue national de 2013, car les circonstances et les conditions sont différentes, et aller vers un dialogue ouvert aux forces vives du pays, organisations nationales et partis politiques.
Au terme de ce dialogue, toutes les parties doivent s’unir autour d’un strict minimum, notamment un programme de sauvetage du pays, dont le premier élément serait le gel du processus politique initié par Kaïs Saïed parce qu’il est la principale cause de la crise, d’autant qu’«il s’agit d’une aventure personnel plutôt que d’un projet politique digne de ce nom», a-t-il dit.
M. Zakraoui a aussi déclaré que le dialogue devrait aboutir à un gouvernement d’urgence économique en accord avec le président de la république, qui doit déléguer certaines de ses prérogatives, sinon le cas échéant sans son accord, ajoutant que le gouvernement devrait être composé de compétences sans allégeance politique. Et il en existe beaucoup dans le pays.
Le professeur de droit public estime de «Kaïs Saïed est sous l’emprise d’une idée; c’est un idéaliste; il se prend pour un prophète qui apporte un message à toute l’humanité. C’est en tout cas ce que disent ses partisans.»
Selon lui, le président doit admettre que son aventure est terminée et qu’il a échoué. «Il dirige un Etat et non une entreprise privée. Après un état d’exception qui aurait dû se terminer au terme de six mois et qui dure depuis un an et demi, il doit accepter l’idée que le processus qu’il a initié a échoué. Car on ne lui a pas demandé de mettre en place une nouvelle république, mais de garantir le pain quotidien des gens. Et c’est là où il a échoué. Le pays vit dans une crise complexe, à la fois politique, économique, financière, économique et culturelle. Nous sommes au bord de la guerre civile», a souligné l’universitaire.
«Le président de la république doit reconnaître l’échec de son parcours et avoir le courage d’annoncer son échec et d’en tirer les conséquences», a insisté M. Zakraoui, en affirmant que ni le limogeage de la ministre du Commerce ni même le changement du gouvernement Najla Bouden ne constituent la solution, car c’est le président Saïed qui assume en premier la responsabilité de l’échec.
«Le limogeage de la ministre du Commerce est la preuve de l’érosion du système de Kaïs Saïed de et un aveu tacite d’échec», a souligné M. Zakraoui.
«Kaïs Saïed a humilié les Tunisiens. Il nous a tous écrasés. Il nous a dit que nous n’avons pas de place dans son système. Il a fait de nous la risée du monde. Nous lui disons que nous sommes toujours là et que nous n’allons pas le laisser humilier davantage notre pays», a conclu l’universitaire, en précisant qu’il n’a aucune ambition politique et ne cherche pas une quelconque nomination. «Je suis un universitaire. J’enseigne le droit et j’écris des livres. Cela suffit à mon bonheur», a-t-il ajouté, en réponse à ceux qui disent qu’il s’attaque à Kaïs Saïed parce que ce dernier n’a pas fait appel à lui.
I. B.
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