Vingt-six organisations de défense des droits de l’homme et de la société civile ont publié mardi 30 mai 2023 une déclaration commune appelant le gouvernement tunisien à assurer la protection des migrants – en particulier ceux d’Afrique subsaharienne dont le nombre est estimé à plus de 20 000– et à mettre fin à la discrimination sociale et systémique à laquelle ils sont confrontés. (Ph. Yassine Mahjoub).
La déclaration est intervenue au lendemain d’une attaque contre des migrants dans la ville de Sfax par un groupe de jeunes dans la nuit du 22 mai et le lendemain matin. Un migrant a été tué et quatre autres ont été blessés dans l’attaque. Les auteurs auraient fait irruption dans une résidence abritant des migrants et les auraient attaqués.
Les organisations ont déclaré que cette dernière attaque était le résultat direct du climat actuel d’incitation à la haine et de racisme contre les migrants d’Afrique subsaharienne.
Selon la déclaration, le gouvernement doit «assumer ses responsabilités pour protéger les migrants, quel que soit leur statut administratif, et assurer leur bien-être physique et psychologique.»
Les organisations ont également exigé l’élimination de toutes les formes de discrimination et de restrictions imposées aux migrants, qui visent à entraver la reconnaissance, la jouissance et l’exercice de leurs droits.
La déclaration demande également au gouvernement d’introduire des mesures pour prévenir toutes les formes de discrimination raciale et d’agressions contre les migrants. Le président tunisien Kaïs Saied avait fait des déclarations racistes en février contre les migrants subsahariens dans le pays, qualifiant leur présence d’«invasion» et les accusant d’essayer de prendre le contrôle du pays et de le rendre «purement africain», déclarations qui avaient été largement critiquées par les forces progressistes et les groupes de défense des droits, rappellent les organisations.
En mars, au moins 14 migrants qui tentaient de se rendre en Europe ont été tués lorsque leurs bateaux ont coulé au large des côtes tunisiennes. Ils étaient partis de Sfax. À cette époque, des organisations de défense des droits ont affirmé que des responsables tunisiens avaient retiré de force les moteurs d’au moins sept autres bateaux transportant des migrants et les avaient laissés flotter en pleine mer pendant des heures. Les migrants à bord de certains de ces bateaux avaient accusé les autorités tunisiennes de racisme.
I. B.
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