Le quotidien Assabah, qui a joué un rôle historique au cours des soixante-dix dernières années en Tunisie, vit peut-être ses derniers jours car il risque de cesser de paraître à partir de la semaine prochaine si rien n’est fait d’ici là pour rétablir la situation.
C’est ce qu’a annoncé le directeur de la rédaction de Dar Assabah, Sofien Ben Rejeb, au cours d’une conférence de presse, jeudi 15 juin 2023, en ajoutant que le groupe de presse, qui oublie aussi un quotidien de langue française, Le Temps, manque des moyens élémentaires de travail, comme le papier, les outils d’impression et autres.
Le journal arabophone est en crise depuis sa confiscation en 2011 par l’Etat et souffre d’une grande instabilité dans sa gestion. Ses employés sont privés de salaires et de couverture sociale, alors que les autorités ne prêtent aucune attention à la crise que le groupe de presse traverse, sans aucun égard pour sa place dans le paysage médiatique national, a expliqué Ben Rejeb.
«Soixante dix ans après sa création et douze ans après sa confiscation par l’Etat, le journal est publié depuis quelque temps sans couleurs et en noir et blanc, et risque même de disparaître des kiosques dès la semaine prochaine», a souligné Ben Rejeb, en précisant qu’au-delà des salaires, ce qui importe le plus aux employés de Dar Assabah, c’est la poursuite de la publication du journal.
Dar Assabah a été créé en 1952 par Habib Cheihrouhou et a vu passer dans sa rédaction des ministres (Habib Boulares, Habib Chatty…) des écrivains et des artistes qui ont marqué l’histoire de la Tunisie et du monde arabe au cours des soixante-dix dernières années. Racheté en 2008 par Sakher El-Materi, le gendre de l’ancien président Zine El-Abidine Ben Ali, le groupe traverse une grave crise depuis sa confiscation par l’Etat en 2011. Il a été mis en vente depuis 2017, mais l’opération de cession aux privés n’a pas abouti.
D’autres entreprises médiatiques confisquées la même année font face aux mêmes difficultés, notamment Shems FM et Cactus Prod, sans oublier le groupe Snipe-La Presse.
I. B.
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