On ne peut pas dire que Noureddine Taboubi nous manque, mais ses interventions publiques sont devenues tellement rares qu’on a commencé à se poser des questions sur sa disparition des écrans. Qu’il est loin le temps où il aimait croiser le fer avec le président Kaïs Saïed ! La fusée syndicale a-t-elle explosé en vol ?
Par Imed Bahri
C’est pour cette raison que nous avons accueilli avec beaucoup d’intérêt la déclaration qu’il a faite aujourd’hui, dimanche 18 juin 2023, au cours d’une visite à El-Hamma, à Gabès, pour célébrer le 95e anniversaire de la mort du pionnier du mouvement syndical en Tunisie, Mohamed Ali El-Hammi, né le 15 octobre 1890 à El-Hamma et décédé le 10 mai 1928 au Hedjaz.
Au micro de Mosaïque FM, le secrétaire général de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) n’est pas parti dans une diatribe contre le gouvernement ni même contre le Fonds monétaire international (FMI), comme il nous a habitués. Il a évité également de lancer une pique contre le président de la république Kaïs Saïed qui n’a pas fini de le narguer et de le snober. Mais cela, il nous y a habitués ces dernières semaines au point que l’on s’est interrogé sur les raisons de cette brusque baisse de ton, qui ressemble davantage à une capitulation en rase campagne qu’à un improbable repli tactique.
Les carottes sont cuites
Taboubi, visiblement assagi, s’est contenté de déclarer que l’initiative de dialogue national du quartet constitué par l’UGTT, la Ligue tunisienne de défense des droits de l’homme, le Conseil de l’Ordre des avocats tunisiens et le Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux est prête (ce n’est pas là un scoop, loin s’en faut !) et que «la centrale syndicale saura quand le peuple, l’Etat et la société civile en auront besoin loin des querelles politiciennes». Mais pour ne pas faire durer davantage un suspense qui n’en est pas un (car qui, aujourd’hui, s’impatiente de connaître le texte de cette initiative mort-née ?), il s’est empressé d’ajouter qu’elle sera bientôt présentée au public.
Il reste cependant à savoir si le public attend vraiment cette initiative ou s’il en attend vraiment qu’elle sorte la Tunisie de la crise où elle s’enfonce jour après jour. Et là, qu’on nous permette d’émettre quelque doute. Car on a comme l’impression que les carottes sont cuites, que les conditions d’un véritable dialogue national ont été dynamitées par le président Kaïs Saïed, et que l’UGTT, en passant, subitement et sans explication, d’une trop grande visibilité à une «disparition programmée», a perdu toute crédibilité aux yeux d’un bon nombre de Tunisiens qui n’attendent plus grand-chose de ses dirigeants, plus soucieux de sauver leur peau que de voler au secours d’une nation en perdition.
Il faut dire que Taboubi, qui excelle dans le rôle de pyromane, est peu à l’aise et moins crédible dans celui de pompier.
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