Tunisie – Union européenne : l’accord sur la migration est en bonne voie

Le mémorandum d’accord entre la Tunisie et l’Union européenne (UE) sur la migration devra être signé demain, dimanche 16 juillet 2023, à Tunis. Ce sont les Européens qui ont divulgué l’information. Les Tunisiens, eux, se montrent moins loquaces. La gêne est apparente, l’engagement est réel. (Illustration : migrants subsahariens mendiant à Sfax, Ph. Salah Dargouth).

Par Imed Bahri   

«Dimanche, un accord sera signé entre la Commission européenne et la Tunisie pour une action communautaire de soutien», a déclaré le ministre des Affaires étrangères italien Antonio Tajani, vendredi 14 juillet 2023, en marge de l’événement «Une nouvelle stratégie pour la Méditerranée» à Rome.

«Ce résultat est obtenu grâce au travail de notre pays. Il y aura le Premier ministre (Giorgia Meloni, Ndlr). Je crois qu’un signal important est donné à la Tunisie en faveur de la stabilité et de la croissance de tout le continent africain», a ajouté Tajani, cité par les agences de presse italienne, alors qu’à Tunis, c’est silence radio. Aucune communication officielle sur le projet d’accord sur la migration avec l’Union  européenne devant être signé demain à Carthage.

En catimini  

Pour Tunis, cet accord semble devoir passer en catimini, sans débat préalable, même pas au parlement pourtant totalement acquis au président de la république Kaïs Saïed. Que cherche-t-on à cacher aux Tunisiens ? A moins que les Tunisiens ne soient plus considérés comme des citoyens mais comme des sujets et qu’ils n’ont-ils plus voix au chapitre en ce qui concerne les accords internationaux passés – ou en passe de l’être – par leurs dirigeants, accords qui les engagent et engagent l’avenir de leurs enfants.  

«L’Italie a beaucoup travaillé sur cet accord, même de manière non visible», a souligné Tajani, ajoutant que pour parvenir à un accord «nous sommes intervenus sur de nombreuses questions sur un texte partagé par tous, donc nous allons dans le bonne direction et l’objectif pour lequel l’Italie a travaillé si dur avec tout le gouvernement est atteint».

Tajani a ensuite souligné qu’il s’agit «d’un accord qui est essentiellement un engagement financier, s’inscrivant dans une stratégie européenne, et qui permettra à la Tunisie d’être en mesure d’affronter les réformes nécessaires avec plus de sérénité, d’être un protagoniste dans la lutte contre les trafiquants d’êtres humains».

Donc, demain, la présidente de la Commission Ursula von der Leyen, le Premier ministre italien Giorgia Meloni et le Premier ministre néerlandais Mark Rutte se rendront de nouveau à Tunis, dans le cadre du dialogue pour la signature du protocole d’accord avec le président Kaïs Saïed. Cela a également été annoncé par la porte-parole de la Commission européenne, Dana Spinant.

«Nous n’anticipons pas sur le contenu de ce qui sera abordé lors de la réunion de Tunis, les discussions sur le protocole d’accord sont toujours en cours», a expliqué la porte-parole de la Commission lors d’un briefing, hier, rappelant que von der Leyen, Meloni et Rutte – le Team Europe en négociation avec Saïed – se sont déjà rendus en Tunisie le 11 juin. A l’époque, la signature du Mémorandum semblait à portée de main et la ratification était attendue quelques jours plus tard, avec la visite à Tunis du commissaire à l’Elargissement Olivier Varhelyi.

Cependant, les négociations ont ralenti, dépassant largement l’échéance souhaitée par l’UE, à savoir le sommet européen fin juin. On avait alors compris que la Tunisie hésitait à faire le pas et prenait enfin conscience des conséquences prévisibles dudit accord sur sa stabilité, d’autant que cet accord allait faire de notre pays, de droit et de fait, le garde-frontières de l’Europe. On s’est apparemment trompés. Le projet d’accord était visiblement déjà accepté par les autorités tunisiennes, qui temporisaient et laissaient passer la tempête des derniers événements de Sfax où des affrontements ont eu lieu entre des citoyens et des migrants subsahariens.   

La patate chaude

Concernant les critiques des Ong et de certains eurodéputés sur le non-respect des droits des migrants par les autorités tunisiennes, Spinant a souligné que, de manière générale, avec tous les partenaires, «la position de l’UE est que la gestion doit toujours se faire dans le respect du droit international et des droits humains».

En d’autres termes, la Tunisie sait ce qui l’attend : elle aura à faire le «sale boulot» pour une poignée d’euros, tout en continuant à encaisser les critiques de Bruxelles sur le non-respect des droits humains. En fait, et pour dire les choses de manière plus triviale, Bruxelles va passer la patate chaude à Tunis. Quant aux droits humains, dont ces hypocrites d’Européens ne cessent de nous rebattre les oreilles, tout le monde s’en est lavé les mains depuis belle lurette. Et ce n’est pas l’extrême droite xénophobe, qui a le vent en poupe actuellement en Europe, qui va s’en formaliser. Cela, le locataire du palais de Carthage le sait très bien. 

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