«L’Union européenne vise à habituer la Tunisie et les Tunisiens à la politique du fait accompli au sujet de l’établissement progressive des migrants Subsahariens en Tunisie», avertit Raouf Chatty.
Dans un post Facebok publié hier, samedi 15 juillet 2023, la veille de la rencontre au Palais de Carthage, aujourd’hui, entre le président Kaïs Saïed et une délégation européenne de haut niveau composée d’Ursula van der Leyen, présidente de la Commission européenne, des deux premiers ministres italien Giorgia Meloni et Néerlandais Mark Rutte, figures de proue de l’extrême droite européenne, pour finaliser et, éventuellement aussi, signer un mémorandum d’accord sur la migration, l’ancien ambassadeur estime qu’à travers ce projet d’accord, l’UE «utilisera tous les moyens pour aboutir à ses fins. Ses atouts sont la faiblesse actuelle de la Tunisie et les divisions des Tunisiens.»
Selon lui, le marché qui sera établi entre Tunis et Bruxelles «sera dérisoire et dangereux pour la Tunisie à court, moyen et long termes». Et pour cause, explique-t-il : «La Tunisie doit faire très attention. Elle doit rester très ferme et défendre franchement la thèse qu’elle n’est pas en mesure d’accepter les propositions européennes pour l’établissement de Subsahariens en Tunisie. Tout simplement parce qu’elle a énormément de problèmes économiques, financiers, structurels, et elle refuse de voir des Subsahariens vivre dans l’indignité, car le pays n’a rien à leur offrir.»
L’accord, rappelons-le, prévoit une aide macro-financière de 900 millions d’euros sous forme de prêt, et 200 millions d’euros pour aider la Tunisie à lutter contre la migration européenne, montant qui resteront en Europe parce qu’ils serviront à payer des équipements européens de contrôle des frontières maritimes et de soi-disant experts européens en la matière. Ce qui a poussé certains analystes à parler d’un marché de dupes où la Tunisie de Kaïs Saïed, isolée et en quête de reconnaissance internationale, sera dindon de la farce.
«Soyons clair : tout accord ou convention à ce sujet, quels que soient les montants financiers qui l’accompagneront, sera au détriment de la Tunisie, de sa stabilité politique intérieure, de la dignité des Subsahariens et contribuera à déstabiliser davantage notre pays», avertit encore Raouf Chatty. Et il sera nul et non avenu, serions-nous tentés d’ajouter, car il n’a fait jusque-là l’objet d’aucune communication officielle de la part des autorités tunisiennes qui espèrent le faire passer en catimini, et en dehors de tout débat national préalable.
I. B.
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