Le conflit israélo-palestinien à la croisée des chemins avec l’offensive spectaculaire de Hamas : guerre ou paix? Il faut trouver des solutions ! Celle d’une paix durable entre Israéliens et Palestiniens dans les limites des frontières de 1967, que Rabin s’apprêtait à conclure avant d’être assassiné en 1996 par un membre du Likoud, le parti de l’extrémiste Netanyahou, nous semble la plus viable. (Illustration : Netanyahou a enterré la paix entre Israéliens et Arabes, c’est après son départ qu’elle pourra renaître).
Par Sémia Zouari *
– Cette guerre menée par le mouvement Hamas n’est que la résultante de l’occupation israélienne, de la perte de tout espoir de paix face à une extrême droite israélienne génocidaire et colonialiste qui ne cesse de s’approprier les terres et les maisons des Palestiniens, de les persécuter, de les faire massacrer impunément par une soldatesque brutale et raciste (plus de 250 civils palestiniens tués), de profaner les lieux saints de l’islam dans El-Qods occupée ce qui attise le désespoir et la haine raciale et religieuse et légitime la lutte contre l’occupation israélienne.
– Rappelez-vous qui a assassiné Isaac Rabin en 1996 alors qu’il s’apprêtait à conclure la paix entre Israël et la Palestine, dans les frontières de 1967, selon le principe de l’échange des territoires palestiniens contre la paix. C’était un militant du Likoud, le parti d’extrême-droite de Benyamin Netanyahu, le véritable pyromane qui a mis le feu en Israël et en Palestine et compromis toute chance de paix. Il a ainsi permis la montée en puissance du Hamas, reconnu comme le seul à affronter les insupportables exactions israéliennes. Et n’oublions pas qui a fait empoisonner Yasser Arafat au polonium…
Désinformation israélienne et alignement aveugle des Occidentaux
– Qu’Israël et les Occidentaux taxent Hamas de terroriste ne lui ôtera pas le crédit immense obtenu par sa lutte armée et le succès de son offensive spectaculaire d’octobre 2023 qui a semé la terreur dans les colonies des territoires occupés et a fait retrouver leur dignité aux Palestiniens. S’il y a eu réellement des nourrissons et des civils israéliens égorgés, pourquoi ne sont-ils pas exposés devant les caméras, ou montrés à des observateurs internationaux? Beaucoup de désinformation du côté israélien pour diaboliser et déshumaniser l’adversaire palestinien dépossédé de son droit à la défense ou à la riposte.
– L’effondrement du mythe de l’invincibilité d’Israël face à une population palestinienne censée rester impuissante a provoqué un tel choc psychologique dans la population israélienne que c’est la survie même de ce pays qui est en jeu car si tous les binationaux israéliens fuient le pays, fatigués du harcèlement de la résistance palestinienne, Israël en serait désertifié, car incapable de protéger ses ressortissants après les avoir incités à coloniser des terres palestiniennes.
– La mobilisation partiale et massive des dirigeants occidentaux et de leurs médias en faveur d’Israël, sans prise en compte des revendications légitimes des Palestiniens et de l’ignominie de l’occupation par des colons armés et belliqueux, entérine la conviction des populations arabes que ce pays est la tête de pont de l’Occident, des États Unis dont le ministre de Affaires étrangères Antony Blinken revendique son judaïsme et mobilise une armada en appui à Israël. Une forme de nouvelle croisade livrée aux Palestiniens.
Une source de tension permanente au Moyen-Orient
– Les pays arabes voient bien qu’Israël est en conflit avec tout son voisinage et du fait de sa mosaïque démographique constitue une greffe coloniale occidentale créée de toutes pièces en 1948 soi-disant sous l’égide des Nations Unies, alors que son objectif réel est de créer une zone de tension permanente au Moyen-Orient pour contrôler les ressources en hydrocarbures de la région.
– Le Fatah fondé par Yasser Arafat a perdu toute crédibilité et représentativité auprès des Palestiniens et Mahmoud Abbas, ce vieillard diminué physiquement et intellectuellement ne peut plus prétendre à une quelconque médiation de paix. Seul Marwan Barghouthi, le Mandela palestinien, militant historique du Fatah, emprisonné depuis des décennies par Israël, peut jouer un rôle légitime de représentant des Palestiniens et de médiateur de paix pouvant faire contrepoids au Hamas. C’est avec lui que Blinken doit discuter s’il veut réellement promouvoir la paix et non avec un Abbas qui est devenu un dirigeant fantoche dénué de pouvoirs et d’influence.
– De même la Ligue des États Arabes a perdu toute crédibilité et représentativité de longue date. Créée en 1945 pour diviser les rangs arabo-musulmans après l’effondrement de l’empire ottoman, elle n’a pas été capable de s’opposer à la création de l’Etat d’Israël en 1948. Son alignement sur une guerre suicidaire contre Israël en 1967, contre les avertissements d’un Bourguiba raisonnable et visionnaire, a montré combien il s’agit d’une organisation inefficace et budgétivore, aujourd’hui honnie par les populations de la région.
– Le refus par Israël de rétrocession des territoires palestiniens occupés, du Sud Liban, des hauteurs du Golan et la poursuite de la colonisation de la Cisjordanie qui n’était pas incluse dans le partage de 1948, sont le catalyseur de la guerre passée, actuelle et future. Israël a choisi l’option suicidaire de «territoires sans paix plutôt qu’une paix sans territoires» et ses ressortissants ne pourront pas vivre en état de guerre permanente même s’ils ont tous été armés.
Les risques d’exportation d’un interminable conflit
– Israël veut vider Gaza de sa population et la coloniser définitivement pour agrandir encore ses territoires et s’approprier les gisements de gaz naturel découverts au large de cette enclave. Bombarder massivement, affamer, assoiffer, massacrer et faire évacuer la population gazaouie au Sinaï pour créer un éternel camp de réfugiés palestiniens en Égypte. Un autre accord de dupes avec une guerre totale allant jusqu’au génocide des Palestiniens avec des crimes de guerre clairement identifiés.
– La seule option de paix c’est la rétrocession des territoires palestiniens, libanais et syriens, dans les frontières de 1967 avec engagement de paix des deux côtés et des forces d’interposition des Nations Unies aux zones frontalières. Démanteler les colonies et indemniser généreusement les colons devraient coûter moins cher, financièrement, humainement et sécuritairement que tout cet arsenal de guerre, de destruction et de dévastation.
– Les risques d’exportation du conflit israélo-palestinien dans le reste du monde sont énormes et ils vont multiplier les agressions contre les juifs, dans un amalgame dévastateur suscitant des attentats comme ceux que nous avons connus à Djerba à l’encontre d’une communauté trois fois millénaire en Tunisie. Sans compter les pays arabes ayant normalisé leurs relations avec Israël et qui risquent la déstabilisation des régimes, voire mêmes des révoltes.
* Diplomate.
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