Le nombre de féminicides enregistrés en Tunisie a quadruplé en cinq ans, passant de 6 en 2018 à 23 en 2023, indique un rapport de suivi sur les caractéristiques sociales et économiques des femmes victimes d’homicides.
Ce rapport, publié par le ministère de la Femme et de la Famille et des Seniors à la veille de la Journée internationale pour l’élimination des violences à l’égard des femmes, s’appuie sur un échantillon de 69 homicides enregistrés dans 19 gouvernorats du pays entre le 1er janvier 2018 et le 30 juin 2023.
Le rapport indique que 52,17% des victimes sont des femmes mariées et les féminicides par leur conjoint représentent 71% des cas enregistrés. Il révèle également que 51% des femmes victimes d’homicide ne sont pas en état d’indépendance économique.
«Toutes les tranches d’âge peuvent faire l’objet d’un fémicide et le niveau d’éducation ne représente pas un obstacle pour ce type de délinquance», souligne le ministère de la Femme et de la Famille, ajoutant que «ce rapport reflète la volonté de l’Etat tunisien de développer une stratégie intégrée et multidimensionnelle pour aborder et combattre le phénomène du meurtre des femmes, enquêter sur ses causes, surveiller ses effets sur les enfants, les familles et la société en général et suggérer les meilleures voies pour le traiter».
Pour mettre la lumière sur ce fléau social, l’Association tunisienne des femmes démocrates (ATFD) organise samedi 25 et dimanche 26 novembre 2023 au Palais des Congrès de Tunis une manifestation intitulée « Tribunal fictif sur les féminicides : Les fémincides devant le assises», organisée dans le cadre de la campagne internationale «16 jours d’activisme contre les violences faites aux femmes» et en hommage à toutes les femmes assassinées par le machisme et la misogynie et à leurs familles éplorées.
Dans ce tribunal fictif, un procureur, des avocats, des juges et un jury populaire traitent les cas de femmes mortes de féminicide.
L’intention, expliquent les organisateurs de l’initiative originale, est de faire le point sur le traitement judiciaire de ces femmes, de restaurer leur humanité et leur dignité, d’honorer leur mémoire et de dénoncer les échecs de l’État et du système judiciaire dans la gestion des dossiers de violence domestique et de féminicides.
Au-delà des féminicides, ce sont les violences faites aux femmes, dans ses diverses manifestations, que les organisateurs veulent dénoncer à travers ce tribunal fictif.
A l’ouverture de l’événement, il y a eu une référence aux femmes et aux enfants palestiniens, principales victimes de la guerre à Gaza.
I. B.
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