Gaza : la fuite en avant d’Israël

L’opération Epées de Fer, réponse israélienne à l’opération Déluge d’Al-Aqsa, lancée par le mouvement Hamas contre l’Etat hébreu, le 7 octobre dernier, semble atteindre son paroxysme avec la fuite en avant et l’énergie du désespoir du gouvernement israélien d’ultra droite dirigé par le criminel de droit commun et de guerre Benyamin Netanyahou.

Par Elyes Kasri *

La fin de la phase militaire du génocide à Gaza semble pointer à l’horizon tant en raison de l’essoufflement politique et militaire israélien que de l’arrêt, pour au moins deux mois, de l’approvisionnement militaire américain à la suite du rejet par le sénat américain, le 6 décembre, d’un projet de loi accordant une aide militaire de 110 milliards de dollars à l’Ukraine et à Israël.

La phase la plus cruciale du bilan de l’opération Epées de Fer sera celle de ses retombées judiciaires auprès de la Cour pénale internationale (CPI) et du traitement et la gestion des données de renseignement collectées par les Palestiniens à la base secrète israélienne Yarkon abritant l’unité de renseignement et d’écoute 8200, responsable du renseignement d’origine électromagnétique et du décryptage de codes qui n’a d’équivalent dans le monde que la NSA américaine.

Le butin électronique de Yarkon révélera des secrets susceptibles de démasquer les réseaux sionistes et israéliens dans le monde y compris dans les pays arabes et dévoilera les dessous des tractations avec les régimes arabes notamment en vue des accords d’Abraham qui visent à dissoudre la cause palestinienne dans une vague de normalisation arabo-israélienne.

Complicité des régimes arabes «normalisateurs»

La carte géographique brandie par le Premier ministre israélien, le 22 septembre 2023 à l’assemblée générale de l’Onu (illustration), est une preuve supplémentaire de la volonté préméditée de rayer la Palestine et les Palestiniens de la carte de la région avec la complicité des régimes arabes «normalisateurs».

Au-delà des discours enflammés, enrobés d’une bonne dose de duplicité et de mauvaise foi, des dirigeants arabes y compris parmi les Palestiniens, il faudra faire le bilan de leur rôle dans le projet criminel de transfert prémédité et forcé de la population de Gaza dans le cadre d’une entreprise coloniale et d’une entente délictueuse de plusieurs pays notamment arabes pour mettre le grappin sur le champ gazier Gaza Marine et faire de la bande de Gaza un point de passage du canal Ben Gourion destiné à doubler le canal de Suez.

Ceux qui auront collaboré en sous-main avec les réseaux sionistes et israéliens et leur toile internationale d’ONG ou auront contribué sciemment ou indirectement à vider Gaza de sa population ne pourront pas échapper à leur triste sort.

Nos frères palestiniens méritent de notre part toute l’aide possible afin d’atténuer leur calvaire, et surtout les blessés civils à la suite de ce qui a tout l’air d’un génocide pratiqué jusqu’à présent impunément par l’armée israélienne à Gaza.

Eviter de vider Gaza

Dans ce contexte, la disposition de la Tunisie à recevoir davantage de blessés Gazaouis afin de leur prodiguer les soins nécessaires sur le sol tunisien, est dans le droit fil de la longue histoire de solidarité et de générosité du peuple tunisien envers ses frères palestiniens.

Toutefois, cet élan fraternel et humanitaire risque de faire le jeu des dirigeants sionistes qui veulent vider Gaza en déportant ses habitants pour l’annexer définitivement à leur projet colonial d’Eretz Israël, devenu avec le champ gazier Gaza Marine et le projet de transit par Gaza du canal Ben Gourion, concurrent mortel du canal de Suez, une affaire grave de banditisme international.

Le moment d’émotion gagnerait à considérer les répercussions à long terme surtout qu’outre l’éventement progressif de la charade de la terre promise, Israël est sérieusement menacé de poursuites par la CPI de crimes de guerre dont la déportation et le transfert forcé de civils en temps de guerre.

A moins de garanties internationales crédibles de liberté de retour des patients palestiniens à Gaza après leur traitement médical, car Israël en contrôle l’accès et les frontières, la Tunisie risque de se retrouver, malgré les meilleures intentions du monde, en situation de facilitation ou de complicité objective avec les desseins génocidaires des criminels de guerre sionistes.

* Ancien diplomate.  

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