Le poème du dimanche : ‘‘Quatrains’’ de Mhamed Marzougui

Né en 1916 à Douz, dans la zone oasienne du sud-ouest tunisien, Mhamed Marzougui est un homme de lettres tunisien, à l’œuvre importante.

Poète, nouvelliste, essayiste, biographe, historien, journaliste, animateur de radio. Son œuvre est marquée par la littérature tunisienne populaire dialectale dont il est l’un des meilleurs connaisseurs.

Militant dans le Néo-Destour, son patriotisme le fait emprisonner suite aux événements de 1938 et exiler ensuite dans le sud tunisien. Ce qui ne manquera pas de donner une dimension politique à ses écrits historiques. Il décède en 1981 en laissant plus de trente ouvrages.

Quelques ouvrages (en arabe) : Des larmes et des sentiments; Les restes d’une jeunesse; De la littérature populaire; La Geste hilalienne; Ali Al-Hosri (avec Jilani Ben El Haj Yahia, 2 volumes), La bataille d’Al-Zallaj; Gabès, paradis du monde; Tahar Haddad; etc.

Il est le père de trois universitaires et écrivains célèbres : les poètes Riadh Marzouki et Samir Marzouki et du romancier et dramaturge Issam Marzouki.

Tahar Bekri

Enfants de ma patrie, la plume a séché

Ma lutte a sombré et déchanté

Si ce n’était mon orgueil je vous aurais chanté

« Ils m’ont perdu et quel enfant ils ont perdu ! »

De nos jours la civilisation est servilité

Et soumission, Rebelle-toi et renonces-y

Si ce n’était la civilisation le lion des savanes

Ne serait fouetté comme le chien dans la cage

Tu supplies la justice soumis et implorant

Mais il n’y a pas de justice dans ce monde

La justice est dans la gueule du canon

A côté des forts et des puissants

Combien de visages plaisent au regard

Mais cachent ruse et hypocrisie

Combien d’habits bariolés couvrent un corps

Qui ressemble plutôt à celui d’un singe

J’ai connu tellement de visages

Et j’ai compris tant de caractères

Mais je n’ai trouvé parmi les humains

Que vendeurs et acquéreurs

Agis pour satisfaire ton Dieu

La vérité et ta conscience

Sois franc ne crains pas

L’aboiement et le braiement des ânes

Traduit de l’arabe par Othman Ben Taleb, revu par Tahar Bekri

Florilège, Anthologie de la poésie tunisienne (Union des Ecrivains Tunisiens, 2003).

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