Tunisie : l’Etat met les bouchées doubles pour assurer la réussite des entreprises communautaires  

L’Etat tunisien et ses différentes instances concernées mettent les bouchées doubles pour garantir les conditions de réussite aux entreprises communautaires en cours de lancement et sur lesquelles le président de la république Kaïs Saïed semble parier pour relancer la croissance économique dans les régions intérieures.

C’est ainsi que l’année 2024 verra le démarrage effectif de plusieurs entreprises communautaires en cours de lancement, dans le cadre d’un plan de création de 100 de ce type d’entreprises, a indiqué Khalifa Sboui.

Dans une interview accordée à l’agence de presse Tap, le PDG de la Banque tunisienne de solidarité (BTS) a souligné que cette institution financière pionnière dans son secteur avait déjà financé 15 entreprises communautaires avec des investissements totalisant environ 4 millions de dinars tunisiens (MDT).

Il a ensuite expliqué qu’en 2024, le gouvernement soutiendra ces entreprises en accordant à la BTS une ligne de financement de 20 MDT, outre l’augmentation du plafond de financement à 300 MDT, le délai de grâce d’un an et le taux d’intérêt fixé à environ 5%, sachant que le taux d’intérêt directeur de la banque centrale est fixé à 7%.

Depuis 2022, la BTS a posé les bases du financement de ce type d’entreprises, a souligné Sboui, ajoutant que l’opération s’inscrit dans le cadre de la coopération entre plusieurs ministères, structures et entreprises d’accompagnement.

Pour Sboui, un autre avantage de ces entreprises est leur ancrage régional, puisqu’elles sont implantées dans les régions de l’intérieur.

Dans ce contexte, il a souligné l’importance de diversifier les activités de ces entreprises, qui bénéficient de services locaux ou régionaux.

Dans le même contexte, il a souligné qu’il n’y a aucun contrôle sur la portée des entreprises communautaires et leurs activités, et qu’il existe plusieurs secteurs qui offrent de réelles opportunités, comme les énergies renouvelables et les transports.

Les entreprises communautaires ont créé près de 300 emplois, a indiqué le responsable, ajoutant que la liste des entreprises créées et les candidatures déposées reflètent une réelle volonté d’assurer un démarrage effectif.

Développement régional et inclusion sociale

Le tissu économique tunisien est capable d’accueillir un certain nombre d’entreprises communautaires, malgré leurs caractéristiques spécifiques, étant donné que les textes juridiques régissant la création de ces entreprises sont rigoureux et garantissent les droits des actionnaires et des financeurs de ce type de projets, a encore déclaré M. Sbouîi, en assurant que le marché est capable d’accueillir plusieurs de ces entreprises, du fait de leur efficacité économique et leur apport au développement régional et à l’inclusion sociale.

M. Sbouîi a indiqué que la création d’entreprises communautaires nécessite 50 membres et une somme de 10 000 dinars, des études de faisabilité à réaliser ultérieurement. Celles régionales nécessitent 50 adhérents et une somme de 20 000 dinars, a-t-il précisé.

Ces entreprises se caractérisent également par d’autres éléments : elles doivent être créées par des citoyens issus de la région, son fondateur doit être un électeur (au niveau de la commune), ne pas être employé dans une autre entreprise et être politiquement neutre.

M. Sbouîi a souligné l’importance de l’aspect de responsabilité sociale des entreprises communautaires, considéré comme primordial, d’autant plus que 20% des bénéfices annuels sont destinés à soutenir des projets de développement régional tels que les infrastructures routières, la construction de blocs sanitaires, l’aménagement de pistes, etc.

En réponse à une question sur la différence entre les entreprises communautaires et les entreprises solidaires, Sbouîi a souligné que les premières visent le profit, alors que les secondes n’ont pas cet objectif, ce qui consolide encore davantage la valeur économique des entreprises communautaires.

Concernant le concept d’entreprises communautaires, Sbouîi a souligné qu’il s’agit d’un système ouvert à l’initiative et à l’impact social, basé sur la bonne gouvernance, la gestion et l’incitation à l’action sociale. Ces entreprises étant destinées à impulser un nouveau modèle de développement tourné vers les régions.

400 MDT de financements en 2023

Sur un plan plus général, la BTS a accordé des financements de l’ordre de 400 MDT en 2023, répartis en 16 000 prêts, en plus du montage financier réservé aux associations de microcrédit, a aussi indiqué son PDG dans le même entretien, ajoutant que son institution avait des plans de financement ambitieux pour l’année en cours.

Sur le total des fonds alloués l’année écoulée, 300 MDT ont été accordés aux différentes catégories de clientèle de la banque. Il s’agit notamment de prêts réservés au financement des agriculteurs et d’autres prêts d’investissement accordés à des diplômés de l’enseignement supérieur ou à des entrepreneurs exerçant dans plusieurs domaines.

M. Sboui a indiqué que les associations de microcrédit, qui constituent à leur tour un système de prêts destinés aux couches sociales à faibles revenus, ont reçu près de 100 MDT de financement de la part de la BTS au cours de 2023.

I. B. (avec Tap).

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