«Les valeurs morales sont le fondement sur lequel repose une société civilisée». L’Occident, qui est en train de tourner le dos à ses valeurs tant de fois réclamées, en ce qui concerne le génocide perpétré par Israël dans les territoires palestiniens occupées, devrait méditer cette phrase de Confucius. (Illustration : arrestation d’un étudiant américain manifestant pour l’arrêt de la guerre israélienne contre Gaza).
Khemaïs Gharbi *
Depuis deux ans, une pléthore d’ouvrages a été publiée dans le but de saisir le mouvement de l’histoire, notamment la rivalité entre la Russie, l’Europe et l’Amérique, ainsi que l’émergence de nouveaux acteurs tels que les Brics, qui jouent désormais un rôle crucial dans la gestion des affaires mondiales. Ces ouvrages, bien qu’instructifs et éclairants, tendent souvent à minimiser la responsabilité de l’Occident dans sa propre décadence. Pourtant, toute défaite politique est souvent précédée par la perte des valeurs morales.
Un tournant critique de l’histoire
Observer les démocraties occidentales renoncer à leurs idéaux tant de fois déclarés, en refusant par exemple d’intervenir pour arrêter le génocide des Palestiniens en cours est un signe alarmant. Cela annonce un tournant qui ne peut que hâter la «défaite de l’Occident», comme le souligne Emmanuel Todd dans son dernier ouvrage paru sous ce titre. Ce constat est d’autant plus troublant lorsque l’on voit les voix qui dénoncent ces atrocités, étouffées par la force publique et leurs auteurs emprisonnés.
Du jamais vu ni en Europe ni aux États-Unis.
Nous sommes visiblement à un tournant critique de l’histoire. L’Occident devrait choisir entre revenir à ses fondamentaux, en défendant et préservant les valeurs morales qui ont été à la base de son existence et de son épanouissement ou bien opter pour des gains politiques éphémères qui ne feraient qu’accélérer un déclin irréversible.
Aux États-Unis, le temple de la liberté, il semble aussi qu’on tourne le dos à leurs propres principes. L’université Columbia par exemple est secouée par des protestations violentes, avec des dizaines d’arrestations la semaine dernière. Les autorités universitaires ont fait appel à la police pour mettre fin à une occupation, accusée par certains d’attiser l’antisémitisme et par d’autres de simple dénonciation d’un génocide perpétré depuis le 7 octobre par Israël contre les Palestiniens à Gaza. Ces manifestations pro-palestiniennes sont le reflet d’une tension croissante, qui s’étend désormais à de nombreux campus américains.
Solidarité avec les Palestiniens
Tous ces événements illustrent la généralisation d’un mouvement étudiant pro-palestinien, initialement centré sur les investissements de l’université Columbia dans des entreprises participant à l’effort de guerre israélien. La tension s’intensifie non seulement entre les étudiants et les autorités, mais également avec les forces de l’ordre.
En France, la situation est également préoccupante. Des manifestations de soutien aux Palestiniens, qu’elles soient interdites ou autorisées, ont eu lieu dans plusieurs villes, marquant un mouvement de solidarité sans précédent.
Face à ces bouleversements, il est impératif de se rappeler l’importance des valeurs morales et éthiques qui ont façonné les sociétés occidentales et de réaffirmer les engagements maintes fois proclamés envers la justice, la liberté et la dignité humaine.
Ignorer ces principes fondamentaux ne peut qu’accélérer la descente vers un avenir marqué par le chaos et la désillusion.
* Ecrivain et traducteur.
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