Le journal israélien Haaretz a révélé qu’une société de sécurité privée américaine allait prendre en charge la gestion du poste-frontière de Rafah après la fin de l’opération militaire israélienne dans la ville située à la frontière avec l’Egypte. La Maison-Blanche prétend benoîtement ne rien savoir sur la question. Étrange quand même!
Imed Bahri
L’armée israélienne qui a envahi certaines parties de Rafah a pris le contrôle du poste-frontière du côté palestinien depuis mardi 7 mai au matin, poste qui constitue la principale voie d’acheminement de l’aide humanitaire pour le bande de Gaza, ce qui a conduit à sa fermeture dans les deux sens. Les Israéliens ont également enlevé les drapeaux palestiniens et hissé les leurs comme l’ont montré les photos qui ont circulé sur les réseaux sociaux.
Haaretz a rapporté qu’Israël avait assuré aux États-Unis et à l’Égypte que l’opération à Rafah serait limitée soulignant que son seul objectif était de garantir que le Hamas ne contrôlerait plus le passage. Le journal affirme également qu’Israël s’était engagé à ne pas détruire les installations frontalières afin d’assurer la continuité de leur fonctionnement.
Un très lourd bilan humain quotidien
Évidemment, comme d’habitude, les responsables israéliens mentent et manipulent car mettre la main sur le poste-frontière de Rafah n’est pas leur seul objectif. Ils n’arrêtent pas de bombarder et de massacrer les populations civiles et ce bien après avoir pris possession du poste-frontière. Ils poursuivent leur génocide au nez et à la barbe du monde entier avec un très lourd bilan humain quotidien.
Haaretz explique que la prise en main israélienne du poste-frontière de Rafah constituerait un déclin pour le Hamas qui ne pourrait plus imposer de taxes sur les marchandises importées.
Le journal israélien rapporte que «les membres de la société de sécurité américaine qui géreront le poste-frontière sont d’anciens soldats d’unités spéciales de l’armée américaine» et que «la société qui gérera le passage est spécialisée dans la garde de sites stratégiques dans les zones de conflit en Afrique». L’entreprise américaine se verrait confier la tâche de gérer les mouvements des passages, d’inspecter les camions et d’empêcher le Hamas de revenir sur le site.
Pour sa part, le porte-parole du Conseil de sécurité nationale des États-Unis, John Kirby, a déclaré qu’il ne savait rien de cette question. Dit-il la vérité ou feigne-t-il ne pas savoir? Mystère et boule de gomme. Les événements géopolitiques survenus à Gaza et ailleurs nous ont appris à toujours prendre avec précaution la parole officielle américaine surtout quand elle sort de la bouche du très pro-israélien John Kirby car comment les autorités américaines et leurs renseignement ne soient pas au courant qu’une société américaine allait assurer la gestion du poste-frontière de Rafah et comment est-ce envisageable qu’une telle chose aussi sensible puisse avoir lieu sans leur aval? Aucune société de sécurité privée dans le monde ne peut accomplir une mission à l’étranger sans l’autorisation des autorités de son pays. La ficelle est un peu grosse d’autant plus que Kirby peut jouer à celui qui ne sait rien pour noyer le poisson afin de ne pas ouvrir la porte à la polémique.
Le danger de la «guerre folle»
En même temps, cette offensive israélienne sur Rafah et la prise de contrôle du poste-frontières excède en Israël même. Dans Haaretz également, le journaliste Uri Misgav a appelé les Israéliens à prendre conscience du danger de la «guerre folle» que mène le Premier ministre Benjamin Netanyahu dans la bande de Gaza depuis octobre 2023.
Dans son article, Misgav a appelé les responsables israéliens à cesser de manipuler leurs citoyens et a soulevé un certain nombre d’interrogations. Il s’est demandé: «Si Rafah est véritablement la clé de notre survie, pourquoi ne l’avons-nous pas attaqué plus tôt?» Misgav a poursuivi: «Si nous (les Israéliens, Ndlr) ne pouvions pas garantir la sécurité du Néguev occidental sans contrôler le terminal de Rafah, alors pourquoi l’armée a-t-elle attendu jusqu’à cette semaine pour s’en emparer?». Il a ajouté que s’il était clair dès le début pour le gouvernement Netanyahu que les habitants de la zone frontalière de Gaza ne pourraient pas rentrer chez eux sans détruire les quatre brigades du Mouvement de la résistance islamique Hamas à Rafah, pourquoi n’a-t-il pas attaqué cette ville avant?
Uri Misgav a qualifié la guerre qui fait rage dans la bande de Gaza d’«horrible et criminelle», ajoutant que le chef d’état-major Herzl Halevy n’est pas moins impliqué que Netanyahu dans l’insistance sur sa poursuite, soulignant que son devoir envers les soldats et les Israëliens ne se limite pas à mettre en œuvre les ordres mais plutôt dire aux dirigeants politiques «Assez!».
La simple vérité, analyse Misgav, est que l’entrée à Rafah n’est devenue une question urgente qu’après la conclusion d’un accord avec le Hamas concernant l’échange des détenus. Il affirme que l’objectif de Netanyahu est de contrecarrer tout accord qui entraînerait un cessez-le-feu, et peut-être la fin de la guerre, soulignant que tout le monde le voit et le comprend mais Netanyahu continue son bavardage.
Une guerre qui s’éternise
Misgav rappelle que la guerre dans la bande de Gaza dure jusqu’à présent depuis 7 mois, soit plus longtemps que la bataille de Stalingrad, l’une des batailles les plus importantes et les plus décisives de la Seconde Guerre mondiale, qui avait pour théâtre la ville russe de Stalingrad, actuellement Volgograd. Il considère ainsi que «le fou Netanyahu» a renversé la doctrine sécuritaire israélienne qui stipulait depuis Ben Gourion que les guerres israéliennes doivent être éclaires et atteindre des objectifs bien déterminés, or la guerre actuelle s’éternise et les objectifs de Netanyahu ne seront pas atteint dont son rêve d’éradication du Hamas.
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