Les potins du cardiologue : Netanyahu et le regard persan de Hassan Nasrallah

En sacrifiant quelques fusées obsolètes, qui causent plus de peur que de mal, et forts des enseignements retirés, le Hezbollah et l’Iran vont sûrement entreprendre une refonte en profondeur de leur système de sécurité afin de garantir son inviolabilité par «l’axe du mal»: Etats-Unis – Israël.

Dr Mounir Hanablia *

Pendant la Seconde Guerre mondiale, les Anglais avaient réussi à casser le code de la machine allemande Enigma et à connaître les plans de leurs adversaires dans le détail. Le secret avait été tellement bien gardé que leurs alliés Américains n’avaient pas été prévenus. Churchill avait même interdit d’intercepter les bombardiers allemands en route pour des missions sur l’Angleterre afin de ne pas éveiller leurs soupçons en les poussant à choisir un nouveau code secret qu’il faudrait plusieurs mois pour déchiffrer. Plusieurs milliers d’Anglais avaient ainsi été sacrifiés, dans l’intérêt de la Couronne, mais aussi tous les juifs transférés vers les camps d’extermination de l’Est et dont les services secrets anglais avaient été parfaitement informés.

Quant à Netanyahu, malgré sa rhétorique churchillienne devant les congressistes américains, et en dépit du fait qu’il se soit montré prêt à sacrifier la totalité des prisonniers israéliens détenus par le Hamas, il n’est pas l’héroïque Premier ministre de Sa Majesté, dont l’esprit était souvent imbibé d’alcool.

Comparaison n’est pas raison

Néanmoins, d’aucuns diront, ainsi que le prétendent les sionistes et leurs soutiens, que le Hezbollah a reçu dimanche dernier une solide correction lorsque, une demi heure avant la frappe massive que ses militaires projetaient de faire contre Israël, ils ont été bombardés massivement par l’aviation sioniste en ayant une bonne partie de leurs fusées détruites sur leurs rampes de lancement.

Certes! Même Hassan Nasrallah, le chef charismatique du Hezbollah, l’a reconnu. Néanmoins avant d’esquisser une quelconque comparaison avec l’attaque préventive israélienne et la débâcle arabe de Juin 67, il convient de replacer les faits dans leur juste contexte. La destruction de l’aviation égyptienne au sol avait été le prélude à la percée des blindés israéliens en direction du canal de Suez et à l’occupation de Gaza, de la Cisjordanie, de Jérusalem, et du Golan, dont les conséquences nauséabondes ne cessent  de nos jours d’empoisonner l’atmosphère, en dépit d’une normalisation officielle des relations d’Israël avec l’Egypte et la Jordanie. C’est cette occupation qui est à l’origine des guerres successives à Gaza et au Sud Liban qui désormais débordent sur le territoire israélien.

On ne se fait certes pas faute d’accuser l’Iran de vouloir tirer les marrons du feu, mais ce n’est pas lui qui occupe les territoires de Cisjordanie, qui étend la colonisation sioniste, et qui s’est engagé à empêcher la création d’un quelconque Etat palestinien, «from the river to the sea».

Après 20 années d’occupation du Sud Liban, quoi de plus normal que le Hezbollah se sente menacé par l’agression d’Israël contre Gaza, qui remet en cause le statu quo territorial, avec le soutien illimité des Etats Unis, et décide de prendre les devants en ouvrant les hostilités, afin d’accroître les difficultés de ses adversaires. Que la guerre à Gaza ait débuté par l’attaque des  «rustauds» qui ont réussi à briser les barreaux de la cage où ils étaient enfermés, contre les colonies avoisinantes, n’y change rien, malgré toutes les horreurs qu’on leur impute, et qu’il convient de prouver.

Cette fois, cependant, il n’y a pas eu de percée israélienne au Sud Liban, ou bien de mouvement en tenaille à travers la plaine de la Bekaa afin de couper la route de Damas et de continuer vers Jounieh, à la rencontre des miliciens des Forces Libanaises, afin de dompter l’ogre chiite.

Tel est pris qui croyait prendre!

Le «contre» israélien ne s’est accompagné d’aucun avantage stratégique; les habitants du nord d’Israël, une centaine de milliers, n’ont même pas encore regagné leurs foyers. Par contre, il convient de noter que ce «contre» n’a été que le résultat d’une feinte du Hezbollah qui pour des raisons qui demeurent confidentielles n’a pas engagé dans la frappe ses fusées stratégiques, celles qui font le plus de dégâts, en n’alignant que quelques centaines de Katioucha, des fusées russes périmées qui causent plus de peur que de mal.

Si le Hezbollah (et ses amis iraniens qui se sont prudemment tenus dans l’expectative) avaient voulu s’assurer de l’étanchéité de leurs circuits de commandement face à toute interférence ennemie, ils n’auraient pas agi autrement. Mais la preuve est désormais établie que si Israël (et ses amis américains) connaissent parfaitement le moment exact où le Hezbollah frappe, au prix de la mobilisation pendant plusieurs semaines, de l’armée de l’air, de porte-avions, de satellites, et de super ordinateurs américains, au détriment d’autres théâtres d’opérations, ils sont encore incapables de savoir la nature du matériel utilisé.

Ainsi le Hezbollah et l’Iran, en sacrifiant quelques fusées obsolètes, et forts des enseignements retirés, vont-ils sûrement entreprendre une refonte en profondeur de leur système de sécurité afin de garantir son inviolabilité. Était- ce là l’intérêt d’Israël?  Tel est pris qui croyait prendre!

Tout compte fait, c’est Netanyahu qui a été mis à nu par le regard perçant (ou plus encore, persan) de Hassan Nasrallah.

* Médecin de libre pratique.    

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