La polémique opposant la commission électorale au tribunal administratif à propos des candidatures à la présidentielle du 6 octobre prochain passe du dramatique au grotesque. Et c’est la malheureuse «démocratie» tunisienne qui en sort rabougrie et ridicule.
L’Instance supérieure indépendante pour les élections (Isie) a indiqué dans un communiqué publié hier soir, lundi 2 septembre 2024, qu’elle a reçu les trois jugements émis par l’assemblée générale du tribunal administratif relatifs aux candidatures à la présidence de la république par courrier électronique, le jour même vers 21 heures.
C’était après la réunion du conseil de l’instance, l’établissement et l’annonce officielle de la liste définitive des candidats à la présidentielle du 6 octobre prochain qui eurent lieu au cours de la même matinée, c’est-à-dire 6 jours après l’annonce du premier verdict, le 27 août, 4 jours après le second, le 29 août, et 3 jours après le troisième, le 30 août.
Pour justifier une décision clairement politique par des arguties juridiques, l’Isie a cru devoir préciser qu’avec ce retard, le tribunal administratif n’a pas respecté les stipulations du dernier paragraphe de l’article 47 du code électoral qui impose audit tribunal de faire parvenir ses décisions à la commission électorale dans un délai de 48 heures.
L’Isie a rappelé que la date du 3 septembre fixée par le calendrier électoral est le dernier délai pour l’adoption de la liste définitive des candidats, soit 48 heures après le dernier verdict émis par l’assemblée générale du tribunal administratif.
En d’autres termes, si Abdellatif Mekki, Mondher Zenaïdi et Imed Daïmi, auxquels le tribunal administratif a reconnu le droit de se porter candidat à la présidence, en ont finalement été privés, ce n’est pas par décision politique, mais par la faute d’une détestable bureaucratie judiciaire. Comme s’il a fallu faire parvenir les décisions du tribunal administratif à la commission électorale, situées à moins d’un kilomètre l’un de l’autre, à dos de chameau ou par pigeon voyageur.
Comme quoi la «démocratie» tunisienne n’a pas encore épuisé toutes ses ressources de stupidité. Et ce sont, comme toujours, 12 millions de Tunisiens qui vont passer à la caisse pour payer les frais.
I. B.