Le gouvernement Madouri semble privilégier les exigences des transferts sociaux sur celles de la relance économique par l’initiative privée et l’investissement, et ce dans le cadre d’une conception étatique de l’économie. C’est, en tout cas, ce qui ressort des orientations de la loi de finances pour 2025.
Renforcer les fondements de l’État social, tout en continuant à rétablir les équilibres financiers, stimuler les investissements, stabiliser la reprise et réaliser le décollage économique. Tels sont les objectifs alloués par le gouvernement tunisien au projet de loi de finances pour 2025.
Ce projet a été au centre d’un conseil des ministres réuni samedi 28 septembre 2024, au Palais du gouvernement à la Kasbah, sous la présidence du Premier ministre Kamel Madouri, qui a souligné l’importance de ce projet en tant qu’incarnation de la vision et des décisions de l’État.
La loi de finances doit s’appuyer sur l’évaluation des acquis réalisés, l’accumulation des résultats positifs et l’anticipation des évolutions selon une vision qui concilie les exigences d’une utilisation efficace et optimale des ressources et des programmes de l’Etat, a souligné Madouri, en appelant son cabinet à continuer d’œuvrer pour contrecarrer les impacts économiques, sociaux et climatiques, améliorer la durabilité des finances publiques et créer les conditions et les moyens nécessaires au succès de la transformation structurelle de l’économie nationale.
Le Premier ministre a également souligné que l’amélioration des indicateurs économiques et financiers, qui demeurent faibles et mitigés depuis 2011, doit s’accompagner de mesures visant à consolider la justice fiscale, à maîtriser l’inflation, à accroître le pouvoir d’achat, à développer le système de protection sociale et à répondre aux attentes et aspirations de la population tunisienne, objectifs parfois aux antipodes les uns des autres, mais qu’il va falloir trouver les moyens de réaliser de manière coordonnée.
La ministre des Finances, Sihem Nemsia, a passé en revue les principales orientations générales adoptées dans le cadre de l’élaboration des équilibres financiers du projet de loi de finances pour 2025. Il s’agit notamment d’éliminer les formes d’emploi précaire, d’augmenter les allocations pour les transferts sociaux, de maintenir le système de subventions, de respecter les options nationales en matière de mobilisation des ressources et d’encourager l’entrepreneuriat.
Avec des objectifs présentés dans cet ordre, il est clair qu’à travers une telle loi de finances, le gouvernement Madouri compte privilégier les exigences des transferts sociaux sur celles de la relance économique par l’initiative privée et l’investissement, et ce dans le cadre d’une conception étatique de l’économie. Soit moins de libéralisme, et plus d’Etat providence. Ce qui requiert la mobilisation de fonds importants, en partie par l’endettement, intérieur et extérieur.
I. B.