En Tunisie, l’élection présidentielle du 6 octobre se tient dans un climat tendu, marqué par l’arrestation d’opposants et l’exclusion de nombreux candidats, avertit l’expert de l’International Crisis Group Michaël Ayari dans un rapport publié le 1er octobre 2024 sous le titre «Tunisie : une élection présidentielle à haut risque».
«Le sort de l’élection semblant scellé, les craintes se concentrent désormais sur les risques de tensions et de violences durant la période post-électorale», estime l’expert. Il ajoute, à l’adresse du président Saïed : «Pour éviter que la situation ne dégénère, il pourrait commencer par rétablir la liberté d’expression, sérieusement mise à mal lors de son premier mandat. Il pourrait notamment abolir certaines lois liberticides, comme le décret 54, adopté en septembre 2022 pour lutter contre les fausses informations sur Internet, mais qui a déjà conduit à l’emprisonnement de plus de 1 700 personnes – dont des dizaines de personnalités publiques – et à un climat d’autocensure généralisée dans le pays.»
«Le président serait également avisé d’exhorter les forces de sécurité intérieure à cesser les arrestations contre les opposants politiques, qui conduisent le pays vers un autoritarisme de plus en plus inquiétant», a-t-il ajouté, qui avertit les partenaires occidentaux de la Tunisie, et notamment l’Union européenne, contre «la détérioration du contexte économique, politique et humanitaire» et les appelle à «encourager des réformes importantes en matière de gouvernance et de protection des droits humains.»
Pour éviter d’alimenter les réactions nationalistes et d’être accusés d’ingérence, «ils pourraient, par exemple, présenter ces recommandations comme un moyen de contribuer à renforcer la stabilité intérieure du pays, aujourd’hui menacée par ces graves atteintes aux principes démocratiques», conclut-il
I. B.
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